Home > Cinéma, Théâtre > Cinéma : deux regards sur la paternité

Fences et Mr. Church, deux productions américaines médiatisées de manière fort différente, présentent un regard intéressant sur la paternité.

Fences (barrières)

Sortit en février dernier sur les écrans français, Fences (barrières), est tiré d’une pièce-phare d’August Wilson, qui met en scène, de manière originale, une famille afro-américaine, dans les années 50 à Pittsburg. Troy, interprété brillamment par Denzel Washington, est un père de famille qui travaille durement comme éboueur pour subvenir aux besoins de sa famille. Troy pense donner le meilleur à sa famille : nourriture, toit et une morale basée sur l’honnêteté dans le travail. Autrefois joueur de football promis à un avenir prometteur, il est mis sur la touche pour des raisons de considérations raciales. Il est devenu un personnage omniprésent qui inspire de la peur à ses enfant. Il va jusqu’à vouloir briser leurs rêves d’être artiste ou de footballeur. Ce patriarche despote, malgré l’affection sincère pour son épouse, commet l’irréparable. La « barrière » qui enclôt la petite propriété est le symbole des obstacles qui se sont mis sur sa propre route. C’est encore l’image de tous les refus qu’il oppose à ses proches et des barrières qui habitent son propre cœur. Ces barrières qui l’isolent toujours davantage. C’est un regard très dur sur l‘homme et malgré tout si actuel, qui nous est proposé à travers Troy, un homme si brisée dans son humanité qui ne sait plus être père, dont la vie devient un absurde.

Mr. Church

L’autre peinture d’une famille américaine présentée à l’écran (sortie très prochainement en France)  est celle du film de Bruce Beresford, Mr. Church. Un mystérieux cuisinier noir fait irruption dans la vie de Marie et sa fille Charlie : Mr. Church, interprété par Eddy Murphy, qu’on est peu habitué à voir dans ce genre de rôle dramatique.  Marie étant condamnée par un cancer, Mr. Church a été envoyé par l’ex-mari de cette dernière, pour prendre soin d’elle. Les quelques mois prennent l’ampleur de plusieurs années, au cours desquelles il devient l’ami, le conseiller, le confident, le témoin, le père… Indéfectiblement, il demeure et sa présence silencieuse est encore plus indispensable dans les moments cruciaux de la vie de cette petite famille : La mort de Marie, le départ de Charlie pour les études… Mais Mr. Church garde jalousement et violemment le secret de sa vie privée et de son histoire, menant une double vie, jusqu’à ce qu’il accepte de se laisser porter à son tour par l’affection de Charlie et de sa fille, au moment où il en a le plus besoin, parce que, réellement, il a reçu une famille.

Regard croisé

Entre un père qui s’enferme en devenant despote et un autre qui, s’ouvrant peu à peu à la vie qui lui est proposée le devient chaque jour un peu plus : Un film serait-il l’antithèse de l’autre ? Il serait beaucoup trop rapide de tirer cette conclusion.

Ces deux récits semblent surtout avoir en commun de proposer simplement deux histoires très humaines, où se joue la lutte de chacun au milieu des aléas parfois difficiles de la vie, les déchirements, les tâtonnements, les égarements.

Toutefois, sans rien renier de très brillants jeux d’acteurs de Fences qui lui a valu de nombreux prix internationaux, nous pouvons déplorer malgré tout que l’image de la paternité reflété dans le film Mr Church ne soit pas plus salué dans les médias.

« Il y a des gens qui, quand vous perdez un proche, font tout pour éviter d’en dire un mot, ou ne font que vous en parler, ou ne peuvent s’empêcher de vous faire pleurer… Il y a ceux aussi (rares) qui ne disent rien, car ils savent que c’est être là qui compte » disait Charlie à deux reprises dans le Film. La paternité de Mr. Church ne fait pas grand bruit dans le public, mais elle est présente : n’est ce pas l’essentiel en fin de compte!

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