Home > Economie > “J’ai encore beaucoup de rêves à réaliser”– ou quand le bon génie Jack Ma quitte Alibaba

“J’ai encore beaucoup de rêves à réaliser”– ou quand le bon génie Jack Ma quitte Alibaba

Le 10 septembre est une date qui porte une triple importance pour la Chine. En 1964, est né à Hangzhou 马云  (Ma Yun) Jack Ma, l’homme qui a révolutionné le monde du commerce en ligne d’abord en Chine, puis dans le reste du monde. Il s’agit en fait du fondateur et président de l’une des meilleures sociétés de vente sur le web, le groupe Alibaba.

 

Jack Ma – Photo : Source

 

Nous sommes dans les années de la révolution culturelle, et cet homme qui vit dans la province du Zhejiang commence à s’intéresser à la langue anglaise. Il n’a pas eu l’occasion de l’étudier en Amérique, parce qu’il n’avait pas de passeport, et décide de se porter volontaire pour guider des groupes de touristes autour de Hangzhou. A la fin des années 70, il a rencontré une famille australienne lors de ces visites et est resté en contact avec elle, même après le retour de cette dernière en Australie. Cette amitié aidera Ma Yun à entrer dans le monde occidental. En 1985, en bonne santé, il a réussi à obtenir un passeport et à quitter la Chine. Il est arrivé en Australie et a passé ses vacances d’été avec ses amis. Ce voyage lui a changé la vie. Il a décidé de s’inscrire à l’Université des langues de Hangzhou, mais l’entrée n’était pas vraiment facile. Il a échoué deux fois aux concours d’admission et ce n’est qu’à sa troisième tentative qu’il est parvenu à y entrer. Il a obtenu son diplôme d’anglais en 1988 et l’année suivante, a commencé sa carrière comme professeur à l’université. Ce qui n’était qu’un rêve lorsqu’il était enfant est devenu son métier dans les années 90. Et c’est précisément le 10 septembre qu’a lieu en Chine la fête des professeurs.

Mais Yun, cependant, ne se limite pas à l’enseignement, mais saisit toutes les occasions d’approfondir sa connaissance de l’anglais et, en 1995, se rend à Seattle comme interprète d’une délégation commerciale. L’Amérique est la porte d’entrée de son ouverture au monde online. C’est là qu’il se connecte pour la première fois sur Internet. Retourné en Chine, grâce à un prêt, il y ouvre un site en ligne. Il commence du coup à travailler dans le domaine du commerce électronique et lève des fonds avec certains de ses amis pour fonder en 1998 Alibaba.com, qui deviendra le groupe Alibaba. Au cours des trois premières années d’activité, comme il nous le dit lui-même, il n’a rien gagné mais il savait que c’était la bonne voie. Il n’abandonne pas, il continue à commercer sur Internet. Et son intuition était juste. Dans les années suivantes, cette entreprise atteint le sommet de l’économie mondiale et son fondateur en 2017 est à la vingtième place parmi les hommes les plus riches du monde avec un bilan de 40 milliards de dollars, selon le magazine Forbes. C’est l’exemple de milliers de jeunes entrepreneurs du monde entier. Jack Ma fait ce en quoi ils croient, et leur suggère de prendre un risque et d’essayer d’en faire une réalité. Il parcourt le monde et se rend en Afrique pour rencontrer des entrepreneurs.

Dans un entretien, il dit : « Quand je suis allé pour la première fois en Afrique, j’ai dit : Wow, c’est un pays plein d’espoir où les entrepreneurs sont les mêmes que dans le reste du monde. Ils ont des idées, des rêves et quand je leur ai parlé, je me suis revu il y a 20 ans. Ils croient en ce qu’ils pensent. Je pensais pouvoir faire quelque chose pour eux, les aider à devenir des héros, aider chaque industrie en Afrique. Je veux les encourager tout comme j’ai encouragé les jeunes en Chine lors d’un concours de talents, où je les ai motivés à créer des startups.”

Jack Ma a une mission dans la vie : aider l’autre. Derrière l’entrepreneur milliardaire, il y a une personne qui vient d’une province du Zhejiang, un garçon qui a lutté pour atteindre ses objectifs, qui a fait beaucoup de kilomètres en vélo pour atteindre son école, parce qu’il est né dans un moment historique particulier de son pays. C’est pourquoi il a créé en décembre 2011 la Fondation Alibaba 马云公益基金会 (mayun gongyi jijinhui). Elle favorise le développement du bien-être public, de la société. Un autre objectif de sa fondation est l’amélioration de l’éducation, en particulier dans les zones rurales de Chine. Le 10 septembre, Jack Ma se retire du monde du travail et prend sa retraite le jour de son 55e anniversaire. L’année dernière, il écrivait dans une lettre : « Ce n’est pas la fin d’une époque, mais le début d’une nouvelle pour moi. J’ai encore beaucoup de rêves à réaliser. Ceux qui me connaissent savent que je n’aime pas être sans rien faire. Le monde est grand et je suis encore jeune, alors je veux essayer de nouvelles choses, afin que de nouveaux rêves puissent se réaliser. »

Vous aimerez aussi
La Chine ou le « Céleste Empire »
La Chine, continent spirituel
L’homme qui regardait les étoiles
Fabienne Verdier, l’énergie en peinture (2/3)