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Le Liban restera le « beau Liban »

Après le drame qui a touché le Liban avec l’explosion du 4 août dernier, la crise économique que vit le pays pour la première fois de son histoire et les tensions internationales dont le pays subit toujours les conséquences, Beyrouth, sa capitale, semble vivre une des périodes les plus douloureuses de son histoire. Mais sa lutte véritable ne réside-t-elle pas, au cœur de ces tourments, de garder son identité véritable et de stopper le flot d’immigration qui vide le pays de ses plus beaux jeunes ?

 

Wadih el-Safi

 

Au cœur de tous ces drames, la voix du cher Wadih el-Safi semble retentir plus que jamais pour redonner espérance aux Libanais. Ce grand chanteur appartient à la génération d’or de la chanson libanaise, tout comme Feiruz. En raison de sa voix puissante et à la fois empreinte d’amour paternel, de son amour pour le Liban, de ses « mouwals » et de ses poésies dialectales libanaises mises en musique, il a souvent été surnommé « la voix du Liban ». Inséparable de son Oud, de son sourire plein de bonté, et de sa foi inébranlable, il a toujours su remettre les Libanais sur la voie de l’espérance.

En ces moments d’épreuves, le regard des Libanais se tourne comme naturellement vers les chansons de Wadih el-Safi, et particulièrement vers l’une d’entre elles qui s’appelle « Elle a dit qu’elle m’aimait et a fondu en larmes ». Cette chanson relate un dialogue entre une femme (dans le texte, rien ne précise s’il s’agit d’une mère ou d’une épouse) et un homme qu’elle aime (fils ou époux), et qui, à cause de la situation dans le pays, se trouve contraint à immigrer, à quitter sa famille et sa terre.

Le début de la chanson – musique comme paroles – révèle la douleur de la séparation pour la femme, et la douleur, pour l’homme, de voir « le Liban ne plus être le Liban ». Lorsqu’il chante, la voix de Wadih et son expression sont très belles, on le voit presque pleurer de compassion. Au milieu de la chanson, après un crescendo dans la douleur qui fait même « se lamenter le Cèdre de Dieu » (emblème – pour les Libanais – de l’éternelle présence de Dieu sur leur terre), Wadih exprime par sa voix et son cri, toute cette douleur de Dieu de voir la souffrance de son peuple. Ce cri lancé vers Dieu est suivi d’un moment de silence. Les paroles prononcées par la femme sont un pas d’espérance, qui invite l’homme à regarder plus loin : le Liban est beau parce qu’il est, d’une certaine façon, clôturé et protégé par un Autre. Le dialogue débouche sur une prière d’intercession.

Ce pas d’espérance introduit la deuxième partie de la chanson qui est très joyeuse par sa musique. La voix de Wadih passe d’un cri de douleur à une exultation de joie manifestant la force intérieure qui a toujours caractérisée le peuple libanais, force intérieure de vouloir reconstruire, de se relever. Cette seconde partie commence par une invocation à Dieu afin qu’Il « n’abandonne pas le Ciel du Liban » : il n’y a qu’un miracle qui peut sauver ce petit pays à la vocation si mystérieuse. Après avoir demandé la grâce à Dieu, Wadih chante, de sa voix si puissante, qu’il reconstruira le Liban tant que cela sera nécessaire.

 

 

Paroles de la chanson:

Elle a dit qu’elle m’aimait et a fondu en larmes. Et sa tête reposait sur ma poitrine.
Elle a dit : « Si tu m’aimes, ne pars pas, ne t’absente pas de moi, Habibi (toi que mon cœur aime). Ne quitte pas ta patrie, et la terre de tes ancêtres »
Je lui ai dit : « Je suis las. Le Liban n’est plus le Liban. Le vent, qui souffle dans les vallées est comme en pleurs. Et les montagnes attristées. Et les collines, se lamentant »
Elle a dit qu’elle m’aimait et a fondu en larmes.
J’ai demandé aux villages : « Qu’est-il arrivé à vos fleurs ? J’ai demandé aux villes : « Qu’est-il arrivé à vos belles maisons ? »
Ils m’ont répondu : « Nos fleurs sont devenues des fusils, et les tuiles de nos belles maisons se sont brisées » 
(Même le Cèdre de Dieu s’est lamenté par compassion, pour l’amour.) x2
Elle a dit : « Habibi, ne perds pas l’espérance. Ô beau pays, clôture tes fleurs ».
Elle a dit qu’elle m’aimait et a fondu en larmes.
« Seigneur, n’abandonne pas le ciel du Liban, ne l’abandonne pas aux hiboux et aux corbeaux. Peu importe l’obscurité qui atteint nos montagnes, elles demeureront source de feu et de lumière. Au nombre de fois qu’il sera détruit, il sera reconstruit. Nous le reconstruirons avec de la pierre de corail, Nous le reconstruirons avec la pierre de silex, Il redeviendra une Personne, il redeviendra Liban. Nous le reconstruirons par l’amour et la foi. Le Liban restera le beau Liban… »

 

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