de Mathilde Lacoste et Clément Imbert 7 février 2012
Vie – Eglise – Temps de lecture : 2 mn
Le 29 janvier était célébrée la première béatification dans la cathédrale Saint Etienne de Vienne, celle d’Hildegard Burjan, épouse, mère, politicienne, fondatrice d’une congrégation religieuse. Envoyé du Saint-Père, le préfet pour la cause des saints, le cardinal Angelo Amato, a présidé la messe, entouré du cardinal Schönborn, archevêque de Vienne, du nonce apostolique et d’un bon nombre d’évêques.
Née d’une famille juive non pratiquante, elle fut l’une des premières femmes à faire des études universitaires. Elle se convertit à la suite d’une grave maladie après un séjour dans un hôpital où elle a été soignée par des sœurs qui lui ont fait découvrir le visage concret du Christ. C’est de là qu’elle choisit de se mettre à l’écoute de la volonté de Dieu et des détresses humaines – totalement à Dieu et totalement à l’homme.
Sous l’inspiration de l’encyclique Rerum Novarum de Léon XIII, elle décide de témoigner de l’amour de Dieu par l’action sociale : en défendant les travailleurs opprimés, en luttant, très en avance sur son temps, pour les droits de la femme « à travail égal, salaire égal ».
Hildegard Burjan est aussi la première femme élue démocratiquement, occupant ainsi un siège au parlement de la 1ère République d’Autriche à la fin de l’Empire. Elle est vite surnommée « la conscience du Parlement ». Elle vit son action politique comme un service de l'Evangile.
Mère de famille et épouse, elle est vite confrontée au défi de concilier sa vie de famille et son engagement politique. Elle parvient à le relever grâce à son talent d’organisatrice et à l’entourage de bénévoles à qui elle communique son enthousiasme.
Dans le but de combler la misère matérielle mais aussi la détresse spirituelle, elle fonde aussi une communauté de religieuses, Caritas Socialis. Leur mission : « Faire un travail social signifie également prévoir, jeter des ponts et combler des fossés creusés dans la société, grâce à l’amour du Christ et un cœur compatissant. ». « On n'aide pas les personnes au moyen des aumônes, disait Hildegarde Burjan, mais en leur redonnant confiance en elles, en leur faisant comprendre qu'elles sont quelqu'un, capable de faire quelque chose ».
Heiligkeit ist mehr![1] disait le cardinal Schonborn pour débuter son homélie. Ce «plus», [c’est] justement cette insistance sur l'amour du Christ. La Bienheureuse Hildegarde Burjan n'a pas beaucoup parlé de ce monde intérieur – elle a vécu dans l’élan de celui-ci. Elle l’a rendu visible à travers sa vie sans beaucoup de mots.[2] (…)
Cette béatification est un beau cadeau pour les chrétiens d’Autriche partagés entre la laïcisation du clergé – mariage des prêtres – et la cléricalisation des laïcs – ordination des femmes, pour « réformer » une Eglise souvent réduite à une simple structure humaine.
Voilà précisément le programme de réforme que nous envisageons pour notre pays et dans l’archidiocèse de Vienne. Hildegard Burjan a montré que ce chemin à l’école de Jésus transforme l’Eglise et le monde.[3]
[1] La sainteté, c’est plus !
[2] Eben dieses "Mehr", dieses Drängen der Liebe Christi. Die selige Hildegard Burjan hat nicht viel über diese innere Welt gesprochen – sie hat aus diesem inneren Antrieb gelebt. Sie hat ihn durch ihr Leben sichtbar gemacht, ohne viele Worte.
[3] Genau das ist das "Reformprogramm", das wir für die Kirche in unserem Land und in der Erzdiözese Wien sehen. Die selige Hildegard Burjan hat gezeigt, dass dieser Weg in der Lebensschule Jesus wirklich Kirche und Welt verändert.