Home > Fioretti > La foi de Don Ernesto

D'Edouard Portalis. 

Don Ernesto, soixante-seize ans, paralytique depuis une douzaine d’années. Il passe presque toutes ses journées dans son lit quand il ne va pas chez le médecin ou, de très rares fois, faire une promenade. Depuis deux ans, vit avec lui Antonio, quarante-cinq ans, séparé de sa femme et de ses enfants. C’est un évangéliste convaincu qui a accepté de partager la maison de Don Ernesto pour l’aider dans son quotidien : douche, nourriture, commissions, entretien…


Otacilho, un ami accueilli plusieurs années à la Fazenda (Brésil) © Points-Cœur

Don Ernesto vit dans un lieu quasiment vide et comme Antonio travaille presque tous les jours, il doit se débrouiller comme il peut. Il a donc un système de cordes pour s’asseoir, ouvrir la porte, allumer le ventilateur… Sa vie est d’une simplicité incroyable. Pas de télé, une radio presque jamais allumée, pas de bouquins, juste lui et ses pensées, ses prières, ses histoires et sa saudade (nostalgie).

Don Ernesto a voyagé à travers le Brésil tout entier comme chauffeur de camion, a vécu dans plusieurs états, étant natif du Pernambuco, ce qui fait qu’il a un accent particulier. Il y a trente ans, il s’est installé dans la Bahia avec sa famille, à Simões Filho, pour entrer dans le commerce de la banane à la Ceasa (qui serait une espèce de Rungis), situé entre Simões et Salvador et qui dessert toute la région en fruits et légumes. (…)

Il a toujours des tas d’histoires à nous raconter. Des histoires extraordinaires qu’il aurait vécues sur les routes du Brésil, dans son voisinage et partout où il a habité. Et Antonio est souvent là pour dire : « T’as pas honte de raconter de tels bobards à une heure pareille ? » Sur ces mots, l’air d’Ernesto se renfrogne et il répond, vexé : « Tu peux pas savoir, tu y étais pas » ou : « De toute façon, toi tu sais rien ». (…)

En plus de l’humour, de la patience et de la soif de compagnie, ce qui caractérise Don Ernesto, c’est la foi. Une foi sans faille et une confiance aveugle en Dieu. « Si quelqu’un te demande comment va le Senhor Ernesto, tu peux lui dire que je suis là, dans la main de Dieu. »

Vous aimerez aussi
Diego Valencia, le sacristain mort pour sa foi à Algeciras
São João brésilien : un tourbillon de joie!
El Salvador, entre foi ardente et gangs
Entre proximité et éloignement

1 Commentaire