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Alberto Giacometti, à la recherche de la figure humaine

de Claire Fortin   13 mai 2013
Temps de lecture 2 mn

Grâce à une collaboration exceptionnelle avec la Fondation Alberto et Annette Giacometti, le musée de Grenoble présente une exposition consacrée à l'un des sculpteurs les plus marquants du XXe siècle : Alberto Giacometti (1901-1966).


© Jean-Marie Porté

Cette exposition privilégie une approche assez technique qui peut être quelque peu fastidieuse, et sans doute réductrice, quoique tout à fait représentative du travail incessant de l’artiste : questions de la représentation de l'espace, du rôle du socle, de la relation de la figure à l'espace ainsi que celle des figures entre elles…

En filigrane cependant, perce au-delà de cette recherche formelle une quête bien plus profonde, qui habita Giacometti toute sa vie, sans relâche, le faisant rester à l’atelier des heures et des heures sans s’arrêter de sculpter, de tâtonner, de chercher… Il considérait l’ensemble de ses œuvres comme des essais ratés, puisqu’il lui semblait impossible de saisir l’insaisissable : la présence d’un être.

« Une sculpture n’est pas un objet, elle est une interrogation, une question, une réponse. Elle ne peut être ni finie, ni parfaite. »

Dans un excellent documentaire présenté à l’exposition[1], il explique avoir choisi la sculpture parce que c’était le domaine dans lequel il comprenait le moins : il lui fallait aller chercher dans cette direction… Et puis au fil des ans, comprenant de moins en moins, il y est resté – « il n’y a pas de choix », dit-il.

«  La sculpture n’est pas, pour moi, un bel objet, mais un moyen pour tâcher de comprendre mieux ce que je vois ». (1959)

D’une simplicité qui perce le cœur, son regard sans cesse interrogateur, son accent italien et son phrasé à nul autre pareil lui donnent une puissante présence. C’est lui-même qui nous fait le mieux comprendre les œuvres présentées dans l’exposition, en racontant une expérience très forte qui le marqua pour toute sa vie : sa première confrontation directe avec la mort.

Tandis qu’auparavant, à la manière de ceux qu’elle n’a pas encore touchés de près, il considérait la mort comme quelque chose qui donne du goût à la vie, une sorte de « piment » dont dépendrait l’intensité de la vie, il réalise alors ce qu’est la finitude, « ce qui passe ». C’est cette angoisse qui le poussera à mener une recherche d’une très haute exigence : celle de la figure humaine qui ne passe pas, la permanence dans le visage d’un homme, l’universel dans un visage singulier.

Documentaire sur le site de l’INA : http://www.ina.fr/video/CPF86602288

 


[1] « Un homme parmi les hommes : Alberto Giacometti », 9ème émission de la série de Jean-Marie Drot, « L’art et les hommes ».

 

 

 

 

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1 Commentaire

  1. frederic

    Comment ne pas conseiller la lecture (terminée hier soir) de la monographie que Yves Bonnefoy lui a consacrée… "Alberto Giacometti  biographie d'une oeuvre" Flammarion.

    "Rien de ce que l'homme fait ne vaut l'éclat d'un regard" nous dit l'artiste… et tant d'autres choses encore…

    "Cela semble impossible à faire ! " s'écrie t'il "quoi?" lui demande son ami. "une tête comme je la vois. Et pourtant entre maintenant et demain il faut que je réussisse." 

    Le poète auteur nous introduit dans ce lieu là, celui là même où il a su pénétrer, dans le regard du peintre – sculpteur qui perçoit quelque chose du mystère d'être au monde dans l'épaisseur de la matière.

    Joie que de lire ici un article sur Alberto Giacometti. Merci