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La New York Fashion Week, ou le début du printemps !

Paul Anel   11 septembre 2013
Temps de lecture 4 mn

Comme chaque année début septembre, la “Fashion Week” s’empare de New York, qui pour une semaine ne vit plus qu’au rythme des defilés de mode. Jacqueline "Jesse" Lagoy, modèle professionnelle originaire de Washington D.C., couvre l’événement pour le blog de mode et beauté Heyheygorgeous.com. Dans cette interview exclusive pour Terre de compassion, elle a accepté de répondre à quelques questions et de nous introduire ainsi dans les coulisses de la New York Fashion Week.


Jesse © Tous droits réservés

Le regard de Jesse est celui d’une « initiée », non seulement parce que sa profession de modèle lui donne du monde de la mode une expérience directe, mais aussi parce que les interviews qu’elle conduit pour heyheygorgeous.com la conduisent à la rencontre des créateurs, avec, nous explique-t-elle, une question principale : d’où vient votre inspiration ?
 
A la question de savoir s’il est un de ces créateurs, en particulier, qui retient son attention, Jesse répond sans hésitation : Karl Lagerfeld. « J’admire vraiment ses designs pour Chanel. Je sais que c’est un peu cliché de dire qu’un designer s’empare d’un look classique pour le moderniser, mais pour moi Karl est l’incarnation de cette attitude. Il prend les designs et les styles originels de Coco Chanel – le cuir matelassé, les chaînes en or, le tweed – et il y ajoute un élément de sophistication moderne, il les rajeunit et leur donne une vibration rock ! ».
 
On parle beaucoup de « beauté » dans le monde de la mode, mais qu’est-ce au juste que la beauté, comment l’évaluer, la discerner ? La beauté, nous répond Jesse, vient d’une forme d’unité : unité entre les vêtements, les cheveux, le maquillage, et le corps même de celle qui les porte. En matière de style, la dissonance heurte les yeux comme en musique les oreilles. Mais ce n’est pas tout. « Ce qui pour moi rend un vêtement beau, ce sont les détails, nous confie Jesse. J’aime les designs complexes, uniques, l’utilisation des perles, les paillettes ou motifs aux couleurs psychédéliques. » « Ce sont ces détails, ajoute-t-elle, qui donnent au vêtement son maximum d’expressivité. »
 
Si le noir est abondamment utilisé en mode, « une couleur inévitable, et qui convient à tout le monde », Jesse ne nous cache pas pas que c’est vers la couleur qu’elle est naturellement portée. « Comme modèle, lorsqu’il m’est donné de choisir ce que je vais porter, mon choix se porte toujours vers les couleurs vibrantes, énergiques. » Sans doute est-ce parce que l’humeur générale, comme il est coutume de dire, est à la morosité (quand elle n’est pas carrément à la morbidité), arborer un vêtement coloré au jour le jour c’est s’assurer d’être facilement identifiable dans la foule. Jesse n’a pas peur de cela, au contraire : « Lorsque je cherche quels vêtements je vais mettre, je choisis toujours une tenue qui a du volume et qui a quelque chose de fort à exprimer. »
 
Jesse se réjouit de voir que la mode printemps/été 2014 semble aller précisément dans cette direction. « Les tendances que j’ai remarquées, nous dit-elle, vont exactement dans ce sens : couleurs dynamiques et pastels, looks de type « tribal », motifs floraux, imprimés tirés de l’art abstrait, vêtements qui s’inspirent de l’architecture. J’aime en particulier les motifs tribaux ou aztèques. Je pense qu’ils seront très populaires au printemps/été prochain. »


CC BY-NC-ND goMainstream

Mais si la mode défile cette semaine sur les « runways » de Manhattan, c’est dans les rues qu’elle s’expose le reste du temps. Jesse ne nous cache pas que le fait de travailler dans la mode peut paraître une occupation bien superficielle quand le monde est par ailleurs agité par des questions autrement tragiques. Cependant, elle voit cela comme une provocation à s’interroger sur le sens et l’importance de la mode.

Elle souligne tout d'abord l'importance du vêtement dans les relations. « La mode est la première chose que voyez d'une personne avant même que celle-ci ait pu dire un mot. » « Par le style, explique-t-elle, chaque individu a la possibilité de s'exprimer, et d'offrir à l'autre une certaine image de son identité. » Si le vêtement peut être un masque, une façon de se dissimuler en jouant un personnage qui ne nous correspond pas vraiment, il peut aussi être une forme de don de soi, une invitation de l'autre à entrer en relation.

« La mode c’est comme une forme d’art que l’on porte sur soi… C'est l'art, l'architecture et le mouvement, rassemblés en un seul médium. » Elle est nécessaire, parce que l’art est nécessaire. En ce sens, Jesse fait volontiers siennes ces paroles de Bill Cunningham, le célèbre photographe de mode pour le New York Times, qui expliquait dans une interview donnée dans les années 80 que « la mode, c’est une armure qui nous permet de survivre dans la vie de tous les jours. Abandonner la mode, ce serait abandonner la civilisation. »

 

 

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