Home > Mode, Photo > Tweed Run : une course de style

Depuis 2009, a lieu chaque année à Londres une bien étrange course qui ressemble plus à une parade qu'à une compétition. La Tweed Run, invite 500 participants à valoriser la tradition en s'assimilant le style britannique de l'époque de leurs grands-parents.

C'est à Somerset House, dans le quartier de Covent Garden que se sont rassemblés les 500 inscrits de cette sixième Tweed Run londonienne le samedi 17 mai à neuf heures du matin. Ceux qui peuvent participer ne sont pas les plus rapides sur la piste, mais sur le clavier : ceux qui ont pu, dans les 90 secondes ayant suivi l'ouverture des inscriptions, gagner leur numéro. Face aux milliers de demandes, le serveur n'a pas tenu.

A 10 heures précises, c'est la photo rituelle du lancer de chapeaux. Les participants semblent venus d'un autre âge : vraies ou fausses moustaches, vêtements de leurs grands-parents impeccablement lustrés, nœuds papillon, bretelles, chapeaux melons, chemises à carreaux, knickers, vestes en tweed, chaussettes à rayures remontées jusqu'aux genoux… L'unique règle de la journée est le style britannique.

Au programme de la course : une dizaine de kilomètres en quelques étapes. Le tracé passe par Westminster, le London Bridge, Buckingham Palace où les gardes eux-mêmes semblent tourner la tête pour voir ce défilé. Nul ne connaît exactement le parcours ni où se situe la ligne d'arrivée car personne ne veut être le premier mais tous sont là pour profiter du voyage. La course se fait à bicyclette : tandem, vélos de course, à pignon fixe, modèles pliants Brompton ressemblant à des tricycles modernistes…

Le trajet est parsemé d'étapes. La première est la pause thé obligatoire à Guildhall. Une demi-heure se passe, dans une atmosphère détendue. Des gens qui ne s'étaient jamais vus auparavant ont bien des choses à se raconter. Puis vient le pique-nique dans le parc de Russel Square. Les vélos sont fixés à des chevalets. De paniers en osiers sortent des sandwiches débordants de concombres et quelques bières. Malgré l'absence de toute barrière, aucun intrus n'a cherché à se mêler à cette foule peu ordinaire.

Tout au long de la journée, en plus de la pétarade des sonnettes des bicyclettes, on entend de la musique des années Trente que les cyclistes les plus créatifs font rugir grâce à des amplificateurs installés dans leur porte-bagages.

A la fin, les vainqueurs de la course seront ceux qui ont arborré la plus belle moustache et revêtu le look le plus chic. La plus belle bicyclette d'époque est aussi récompensée.

Cette course, issue d'une folle idée de Ted Young, est avant tout un concours de style. La tradition et la lenteur sont à l'honneur. L'événement semble être né comme une preuve de résistance au modernisme et de défense, teintée de fierté, d'une certaine forme d'identité nationale.


CC BY-SA garryknight

Vous aimerez aussi
« Jamais assez maigre »
Retrouver le sens de la mode
« Abandonner la mode c’est abandonner la civilisation ». Un portrait de Bill Cunningham
Bill Cunningham est mort hier à 87 ans