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Manu Larcenet, Le Combat Ordinaire

Idée cadeau pour un prochain anniversaire, une fête, ou bien la fête des pères qui approche, Le Combat Ordinaire, de Manu Larcenet, est une BD qui détend, déride… tout en éduquant ! Elle nous fait entrer dans la vie d'un homme ordinaire, Marco, et dans son combat quotidien pour affirmer et protéger les "choses précieuses" de la vie… A lire et à offrir !

Ce combat c’est celui de Marco, un homme qui mène une vie somme tout assez ordinaire, avec ses parents sur le déclin, son travail de photographe balloté au gré de l’inspiration et des contrats, son chat Adolf – ainsi nommé car il répond invariablement aux caresses par de méchants coups de griffe – , son frère avec qui il partage une complicité reposante, mais qui semble comme arrêtée au stade de l’adolescence, et toutes ses petites névroses dont il s’ouvre consciencieusement à son éternel psychiatre. Un homme, en somme, qui se laisse porter par la vie comme elle vient, comme elle est, un homme résigné. S’il suscite cependant dès le départ la sympathie chez le lecteur, c’est à la fois par son caractère tellement ordinaire, et par cette ironie mordante où perce le regret ou le désir inavoué d’une vie un peu plus pleine, un peu plus belle.

Au fil des quatre tomes de cette bande-dessinée primée en 2004 au festival d’Angoulème, des « choses précieuses » font irruption dans la vie de Marco, des choses qui vont à la fois éveiller sa conscience, et susciter sa responsabilité. C’est d’abord la rencontre inespérée avec Emilie, la vétérinaire, dont le regard émerveillé, enfantin, est une constante provocation pour celui, désabusé, de son ami. C’est la souffrance de ses vieux amis du chantier naval, anciens collègues de son père, avec la fermeture prochaine et définitive du chantier qui réveille chez les uns la colère et chez les autres la peur de la solitude et l’angoisse de l’inutilité. C’est la maladie puis la mort brutale de son père, et le désarroi de sa mère, face auxquels il découvre qu’être fils, être homme, c’est porter la souffrance de ceux que l’on aime. Enfin, c’est la naissance de leur fille Maude qui, bien qu’elle le remette constamment face à ses limites, fait naître en lui un sentiment de respect et d’émerveillement qui l’enveloppe et le dépasse : « Forte de sa minuscule vie, elle m’éduque ! »

Oh, la vie de notre photographe ne change pas du tout au tout pour autant, loin s’en faut : il garde ses habitudes, bonnes ou mauvaises, son tempérament soupe-au-lait et ses névroses ponctuées de crises d’angoisse. Mais au milieu de tout cela, Marco prend conscience de toutes ces « choses précieuses » de la vie, ces choses qui sont entrées dans sa vie sans vraiment lui demander son avis, mais qui pour y rester, et pour grandir, requièrent son attention, sa liberté. Pour Marco c’est le début d’un combat humble et quotidien pour conquérir sur lui-même ces gestes et ces regards qui lui permettent d’accueillir la réalité avec compassion, et préférer le lent apprentissage de l’amour aux formes faciles de l’idéologie ou de l’instinct.


© Manu Larcenet

Merci Manu pour ces quatre tomes de tendresse et d’humour, il s’en dégage un paisible amour du réel, chose rare et rafraîchissante en cette époque saturée de convictions et d'idéologies. Chose précieuse. En refermant le quatrième tome, je ne saurais trouver de mots plus justes que ceux d’Emilie. Alors que Marco se casse la tête sur l’énigme du journal laissé par son père, interminable collection de minuscules événements relevés par celui-ci, d'un vol d'oiseau à la couleur de la mer, Emilie comprend aussitôt et dit, songeuse : « Comme j’aimerais avoir aussi un regard aussi aigu que le sien… »

La partie proprement narrative de la bande dessinée, dessinée d’un trait simple et expressif, est entrecoupée de planches aux tons sépias, où Manu Larcenet dévoile toute la saveur et la puissance poétique de son œuvre et de son regard. En voici deux qui, je l’espère, vous donneront le goût de vous lancer vous aussi avec Marco dans « Le Combat Ordinaire »…

FORTE DE SA MINUSCULE VIE, ELLE M’EDUQUE


© Manu Larcenet

 

LA POESIE RACHETE TOUT


© Manu Larcenet

Le site de Manu Larcenet : http://www.manularcenet.com/blog/

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3 Commentaires

  1. AB-DC

    Ah ! bah oui! Bravo Paul, vraiment, c’est une BD magnifique, une des très rares qui ne transportent pas dans un monde purement imaginaire, mais qui vous met devant votre propre vie. C’est je crois avec ces rares bijoux que cet art mineur s’élève a des expressions
    très dignes. Merci pour cet article. Cela manquait au blog !!!!!

  2. isidore

    Merci beaucoup pour cet article, très belle bd effectivement. C’est rare de lire l’histoire d’un écorché vif racontée de manière subtile et finalement apaisée, sans compromission pour autant.

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