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Antonio Canova « le dernier des anciens et le premier des modernes »

Il y a deux semaines, le Musée archéologique national de Naples a ouvert les portes à l’une des expositions les plus attendues de 2019 : « Canova et l’Antiquité »

 

 

C’est Antonio Canova lui-même qui exposa pour la première fois une de ses œuvres et une sculpture de l’époque grecque. Aujourd’hui, au Musée de Naples, plus de 110 œuvres de cet auteur sont confrontées à des sculptures anciennes pour comprendre d’où vient l’inspiration du sculpteur, mais aussi pour comprendre ses propres mots : « si un jour on trouve enterré dans la terre un bras ou un buste que j’ai fait et qu’on dit que c’est une œuvre de l’époque grecque ou romaine, je peux dire que mon œuvre est vraie ».

Antonio Canova

Né à Possagno en 1757 d’un père qui travaille la pierre et qui est architecte. Très jeune, avec son oncle, il commença à tailler la pierre et quelques années plus tard, il déménagea à Venise pour se mettre sous la direction de Simone Meoni, qui serait non seulement son professeur, mais aussi son meilleur ami.

A l’âge de 20 ans, il est déjà reconnu pour la qualité de ses œuvres et ouvre son propre atelier de sculpture. Malgré cela, il veut aller à Rome pour apprendre à connaître les différents arts. Ainsi, à son arrivée à Rome, il s’est dédié à l’étude des différents monuments et sculptures anciens de l’époque grecque et romaine.
C’est une période très active pour le jeune Canova : il étudie, visite la ville mais commence aussi à travailler avec d’autres artistes nationaux et internationaux. Il découvre le bal et la danse, qui le marqueront à jamais dans la conception du corps féminin. C’est dans la ville éternelle qu’il connait l’allemand Johann Winckelmann. Ce dernier partage avec le jeune Antonio l’idée de la grandeur du classicisme et de la primauté de la culture grecque comme la seule qui ait atteint pureté et vertu en art.

En 1780, il se rendit à Naples pour voir la célèbre « collection Farnèse » de sculptures achetées par le roi de Naples. Il visite la chapelle de la famille Sansevero où il s’émerveille de la beauté du « Christ Voilé » et quand il verra l’œuvre, il dira : « Je donnerais 10 ans de ma vie si je pouvais en echange être l’auteur de cette œuvre magnifique ». Il visitera également les ruines de Pompéi et d’Herculanum trouvant dans les mosaïques, sculptures et formes anciennes une source d’inspiration.

En 1783, c’est la commande de la tombe du pape Clément XIV qui marquera une étape importante dans sa carrière artistique. Son dévouement total à l’œuvre, sa passion dans la représentation des formes et la somptuosité des personnages le conduisent à être appelé le « nouveau Fidia » et à avoir dans la vie une renommée comparable uniquement à celle de Bernini et de Michel-Ange. Non seulement il reçut des commandes ecclésiastiques, mais de nombreuses figures de grande renommée de l’époque commencèrent à demander à l’artiste des sculptures pour leurs palais : Amor y Psiche, Amorini, Psiche fanciulla et autres tombes de princes et politiciens enrichiront églises et maisons particulières.

Après un certain temps dans son Possagno natal pour reprendre des forces après avoir terminé le monument funéraire du pape Clément XIII, il décide de retourner à Rome où il refuse l’invitation à la cour de la Reine Catherine de Russie. En 1801, Antonio Canova arrive à Paris et sera au service de Napoléon Bonaparte. Son travail ne plairait pas à l’empereur qui, devant la statue qui le représente comme Mars désarmé et pacificateur, demanderait qu’il soit placé dans le dépôt du Louvre.

Le retour à Rome est un nouveau chapitre dans l’histoire de l’œuvre d’Antonio Canova. C’est à cette époque que sa « Pauline Borghèse en Venus Victrix » est acclamée par tous et de nombreuses académies artistiques lui rendent hommage : Marseille, Monaco, Graz, Vilnius, Anvers, Genève, New York, Philadelphie.

C’est en 1814 qu’Antonio Canova crée une œuvre pour Joséphine de Beauharnais, la première épouse de Napoléon. C’est grâce à elle que de nombreuses œuvres que nous connaissons aujourd’hui ont vu le jour. La statue des Trois Grâces est une de ces œuvres les plus célèbres du sculpteur qui reflète chez ces trois femmes l’éternité de la beauté néoclassique.
Les dernières années de la vie de Canova sont marquées par une présence constante dans sa ville d’origine et le travail sur les célèbres statues équestres pour la Piazza Plebiscito de la ville de Naples. Le 13 octobre 1822, il meurt à Venise. Deux funérailles seront célébrées : la première dans son bien-aimé Possagno et la seconde dans la ville de Rome où le poète Giacomo Leopardi exprime l’honneur de pouvoir saluer « le grand Canova ».

 

Les « Trois grâces »

 

Canova et l’antiquité

La relation entre Antonio Canova et Naples est marquée non seulement par les travaux qui y sont réalisés, parmi lesquels on peut admirer le célèbre Ferdinand IV représenté à Minerve, mais bien plus par ses visites à la collection Farnèse et aux ruines des villes qui après la destruction du Vésuve en 79 ont commencé à voir le jour avec les célèbres scavi. Mosaïques, statues, urnes funéraires et personnages mythologiques ont été découverts et ont attiré l’attention du sculpteur qui a visité ces ruines avec une grande émotion. Un amour qui l’a uni jusqu’aux dernières années de sa vie où il a travaillé intensément dans la réalisation des célèbres statues équestres qui devaient d’abord glorifier la domination française de la ville et qui furent finalement achevées par Canova au temps du royaume des deux Siciles, représentant ainsi la puissance espagnole avec le magnifique Charles III chevalier.

Les œuvres exposées proviennent de différents musées, dont celui de Possagno où l’artiste est né. Avant de les travailler en marbre, ses œuvres ont d’abord été réalisées en plâtre, et font partie du patrimoine du Musée. Des œuvres impressionnantes où le sculpteur préparait son œuvre avant de passer au bloc de marbre, et où l’habileté, la précision et la beauté d’une sculpture en plâtre sont visibles, ce qui a souvent servi à remercier ses collaborateurs ou patrons (comme ce fut le cas avec la reine de Russie). Mais parmi les œuvres exposées, les plus percutantes sont celles que l’on peut voir au deuxième étage du Musée archéologique de Naples. Dans la sala Meridiana sont exposées des œuvres du Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg. Un grand nombre de ces œuvres est connu dans le monde entier, mais c’est la première fois qu’elles sont admirées en présence des œuvres anciennes qui ont marqué le jeune Canova.

Thésée vainqueur du Minotaure, Endymion dormant, le génie de la mort, Amore et Psiche, Pauline Bonghèse comme Vénère et surtout les « Trois graces » sont quelques-uns des oeuvres d’Antonio Canova présentées dans cette section de l’exposition.Le fait de voir ces œuvres en face des œuvres grecques et romaines permet au spectateur de vivre une confrontation fascinante où les formes anciennes renaissent à travers les mains de Canova et dans ses œuvres. Aujourd’hui, tant d’années après sa mort, Canova revient à Naples pour montrer l’union entre l’ancien et le moderne, de l’inspiration à la réalisation des œuvres parce que, comme il l’a dit lui-même « imiter mais pas copier, pour être egalement aussi imité ».

Courte video à propos de l’exposition

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1 Commentaire

  1. Demeunynck

    Avec Canova retour à la pureté de l ‘ Antique , quelle grâce et quelle élégance ! Evidemment beaucoup de sensualité et ça n ‘ a pas changé à Naples ! Cette ville était encore une fois avec Canova l ‘ inspiratrice des âmes ! Les napolitains pensent et ressentent plus qu’ ailleurs : ils ont cette sensibilité à fleur de peau ,femmes ET hommes. C est pourquoi ils avaient cette âme de batisseurs tjrs prêts à inventer et rebondir.