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« Santa Subito », le docufilm gagnant au Festival du Cinéma à Rome

Cette année, le public du XIVe festival du Cinéma « Festa di Roma » a récompensé le docufilm sur la vie de « Santa Scorese ». Jeune fille de vingt ans assassinée en 1991 à la porte de sa maison pour défendre sa chasteté contre la fureur d’un homme déséquilibré qui l’avait persécutée pendant trois ans. Un docufilm qui bouleverse une société qui, laissant de côté les autres films de grands réalisateurs (dont Martin Scorsese et Edward Norton), récompense la vie de cette jeune Pugliese.

 

 

Une surprise pour le réalisateur Alessandro Piva qui commente ainsi le prix :

« C’est un signal important que nous recevons aujourd’hui, surtout quand il y avait des films d’une énorme capacité de divertissement dans la sélection. Le public récompense un film qui parle, à travers des gens ordinaires, de thèmes réels de notre pays, ce qui signifie qu’il questionne, reflète et est ému par des faits qui sont devenus comme l’une des plaies de la vie quotidienne de nos sociétés. Le prix est décerné à la famille Scorese, qui depuis près de trente ans, avec une grande dignité, perpétue le souvenir du membre de leur famille, injustement arraché d’eux, une tragédie annoncée ». 

Mais qui est Santa Scorese ? Pourquoi le public du XIVe Festival du Cinéma de Rome vote-t-il pour ce film d’une manière étonnante ? Que peut apporter le témoignage de vie de Santa aux Humains de notre époque ? Santa Scorese est une jeune femme comme tant d’autres, disait sa sœur, mais dotée de quelque chose de spécial qui l’amène toujours à regarder au-delà des événements.

Santa est née en 1968 de l’amour de Piero, un policier, et d’Angela, une mère de famille. Une vraie fille de son temps avec beaucoup de passions et de questions auxquelles elle tentera de répondre à travers l’amour qui naît pour les personnes qu’elle rencontre : elle s’occupe des jeunes atteints de polio, de l’assistance aux personnes âgées dans différents centres et des enfants de deux orphelinats dans sa ville. Mais son attention à ceux qui souffrent le plus n’est pas née d’un humanisme générationnel, mais de la conscience qu’au milieu de ceux qui souffrent, qui sont seuls, se trouve le même « Christ abandonné » qui est présent et qui doit être consolé. A l’écoute de Chiara Lubich, cette conscience de « Vivre avec le Christ abandonné » se reflète dans son expérience avec les gens qu’elle fréquente quotidiennement.

Cette priorité de mettre le Seigneur au centre de tout l’aidera à savoir distinguer constamment chez les gens « le péché du pécheur », ce qui la conduira à trouver de plus en plus de personnes et à s’intéresser à tous et à tout. C’est pourquoi elle commence à écrire un journal intime, où elle peut exprimer l’expérience intérieure qu’elle vit et qui l’aidera à connaître ce désir du « toujours plus » qui l’habite.

Elle écrit dans son journal : « Une chose que j’ai découverte : que Dieu est vraiment le seul point fixe inébranlable dans la vie de chacun de nous. J’ai l’impression que maintenant, malgré l’agitation intérieure, sa présence me donne tranquillité et confiance, confiance que je ne suis pas seule, qu’Il m’aime de toute façon, même avec mes limites, et je ressens aussi le besoin de le re-choisir et le reconnaître chaque jour comme la chose la plus importante pour moi, pour laquelle il vaut la peine de se battre, souffrir et mourir. » [1]Journal du 17 novembre 1987

Elle commencera des études à la Faculté de médecine, mais ne suivra pas cette filière parce qu’elle ne se sent pas capable, alors elle décide d’étudier la pédagogie pour être proche des enfants et des jeunes en difficulté qui sont depuis des années au centre de son attention et de son action. Cependant, un plus grand désir l’habite et elle découvrira la vocation d’être missionnaire sur les traces de saint Maximilien Maria Kolbe : aller à la rencontre de ceux qui souffrent non seulement pour les aider, mais pour partager avec eux « son propre » point d’appui et de consolation. Elle parle de cet appel à sa famille et un accord entre les deux, pour rendre la séparation moins douloureuse, sera établi : d’abord terminer les études et ensuite partir en mission. 

« S’il m’arrive quelque chose, n’oubliez pas que j’ai choisi Dieu »

 

C’est au cours de cette année 1988 qu’un jeune homme rencontré par hasard dans la cathédrale de Bari commence à la poursuivre constamment. Chaque mouvement de Santa est étudié et chaque jour elle reçoit des appels et des lettres pleines de déclarations dénuées de sens, auxquelles Santa ne répondait jamais. Elle continue sa vie normale : tous les matins la Sainte Messe et les cours à l’université, puis continue par la visite aux enfants et aux personnes âgées. Mais le 6 février 1989, après une rencontre avec les Missionnaires du Père Kolbe, elle fut attaquée violemment par cet homme qui voulait la violer. Personne n’écoute ses appels au secours, mais après quelques minutes de résistance, elle parvient à s’échapper. 

À partir de ce jour, sa famille et ses amis se sont mobilisés pour ne pas la laisser seule, et les agressions verbales et physiques subies par Santa se sont multipliées jusqu’à ses amis et sa famille. Une vie totalement bouleversée par la présence de cet homme qui déclare : « Si tu ne m’appartiens pas, tu n’appartiendras à personne ». Cette situation ne change pas le « point d’appui » de Santa : prière, Eucharistie, présence à ceux qui souffrent sont son pain quotidien. A son confesseur, elle disait quelques jours avant sa mort : « S’il m’arrive quelque chose, n’oubliez pas que j’ai choisi Dieu. »

Dans la nuit du 15 mars 1991, Santa revient d’une réunion de prière et, à la porte de sa maison, cet homme l’attend. A cause d’une négligence de la famille, il arrive à entrer dans le jardin de la maison, la poignarde 13 fois et blesse sa victime mortellement. Son père, qui voit la scène depuis le balcon de la maison, parvient à repousser l’assassin et à emmener sa fille à l’hôpital. Mais Santa qui avait fait un an de médecine, estime que la fin est proche. Elle fera deux choses dans ces dernières minutes : pardonner à son meurtrier et demander à sa sœur de renouveler avec elle la consécration à l’Immaculée Conception de saint Maximilien Maria Kolbe qu’ils avaient faite ensemble quelques années auparavant. Bari, sa ville, sera présente à ses funérailles d’une manière multitudinale. Son exemple et sa vie marqueront tant de personnes et, en 1999, le processus de béatification commencera en ayant comme vice-postulateur le même que saint Jean Paul II. Aujourd’hui, nous espérons que l’Eglise proclamera Santa « martyre de la haine de la foi » tout comme d’autres grands saints italiens et bienheureux : Maria Goretti, Antonia Mesina, Pierina Morosi, Teresa Bracco et tant d’autres qui depuis tous les temps montrent à cette terre italienne où se trouve « le vrai point d’appui de la vie réellement vécue ».

 

 

Bande annonce de Santa Subito

References

References
1 Journal du 17 novembre 1987
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