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L’ « Incarnatus est » de la dernière messe de Schubert contemple l’incarnation comme une descente dans un monde blessé.

 

 

En juillet 1828, Schubert est déjà très malade quand il compose cette messe, il vit ses derniers mois. C’est un peu son Requiem, car il n’entendra jamais la messe de son vivant. Il écrit cette messe pour son ami Michael Leitermeyer, directeur des petits chanteurs de l’Eglise Marie Consolatrice à Vienne.

Ce n’est pas une messe pour la Cour mais pour une petite paroisse, pour un ami, une messe pour laquelle Schubert ne recevra pas un sou. La messe est pour le chœur d’enfant, mais avec l’apport original de deux ténors pour l’Incarnatus est. Il n’y a pas d’orgue et l’orchestre est très réduit. C’est le cadre « familial » et intime de la musique de Schubert.

La messe est jouée l’année suivante en 1829, la critique de l’époque est très sévère et le morceau sera laissé aux oubliettes presque cinquante ans. La composition est très originale et dépasse les cadres stricts de la norme liturgique de l’époque. Le Gloria est jugé beaucoup trop long, il allie une prière de reconnaissance en particulier par la beauté du « gratias agimus tibi » , une mélodie en mineur sur le « quoniam tu solus sanctus » qui ouvre à la mélancolie dont parlait Guardini et surtout une longue fugue « Cum sancto spiritu in Gloria Dei Patris » qui réalise presque la moitié du Gloria.

Schubert est aussi critiqué car il a modifié l’ordonnance des textes. Dans le Credo qui est aussi long que le Gloria, il utilise l’Incarnatus est comme un refrain, avant et après l’annonce de la passion. Les critiques reprochent de ne pas mettre la résurrection après la passion. Schubert revient d’abord à l’incarnation pour souligner le lien entre la crèche et la croix, pour manifester aussi que l’incarnation fait partie d’une même kénose du Fils qui descend dans notre vallée de larmes. Le Crucifixus est le sommet musical de l’Incarnatus est.

La joie de l’incarnation oriente vers la consolation que Dieu veut apporter à son peuple blessé. Schubert est alors humilié dans son corps et sa vie sociale par sa maladie. Le plomb qui était donné aux malades pour « guérir » était plus dangereux que la maladie et l’exclusion sociale était très forte. Schubert exprime sa foi d’homme blessé, fragile, souvent désespéré, conscient d’être aux portes de la mort, mais confiant dans Celui qui n’a pas craint de venir s’unir à notre misère.

 

 l’Incarnatus est de Schubert

 

 

Icône : © Natalia Satsyk – The Nativity of Christ, 2007, 30×30 cm.

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