La mémoire des Madrilènes raconte qu’une statue de la Vierge Marie fut amenée en Espagne par l’Apôtre Saint Jacques. Elle fut vénérée à Madrid comme la Vierge de la Ville et placée dans l’église de la Cuesta de la Vega, qui faisait partie de la forteresse de l’almudayna.
En 712, face aux invasions musulmanes, les Madrilènes la cachèrent dans une niche de la muraille arabe. En 1083, Alphonse VI reconquérait Madrid et fit le vœu de la retrouver. Lorsqu’il revient de la reconquête de Toledo, il utilise tous les moyens, ainsi que son argent, pour la retrouver, sans succès. Il recourt alors à la prière et convoque une grande procession qui rassemble l’évêque de Toledo, toute la noblesse, l’armée, le peuple, et même Rodrigo Díaz de Vivar, le grand Cid Campeador.
Le 9 novembre 1085, la procession marche le long de l’almudayna, la muraille de la forteresse de Madrid. Lorsqu’elle passe devant la niche cachée, des pierres tombent et laissent voir la statue tant aimée de la Vierge : elle est entourée de deux cierges, restés allumés tout au long des siècles à l’intérieur de la roche. Elle fut amenée à l’autel principal et appelée depuis « Santa María la Real de la Almudena ».
En 1646, le Conseil de la Ville décide de faire une procession avec la Vierge de l’Almudena pour lui demander de sauver la ville des graves inondations provoquées par trois mois d’intenses pluies. Peu après le début de la procession, la pluie s’arrête et le ciel se libère des nuages. En reconnaissance pour son intervention, les Madrilènes décidèrent de formuler un vœu à la Vierge, vœu qui est renouvelé chaque année.
Ce 9 novembre 2021, le maire de Madrid, José Luis Martinez-Almeida, qui est aussi membre de la Confrérie de la Vierge de l’Almudena, prononce le vœu de Madrid à la Vierge dans une grande cérémonie publique.
Nous le transcrivons ici :
Vœu de la ville de Madrid devant la Vierge de l’Almudena
José Luis Martínez-Almeida, Maire de Madrid
Madame,
Pendant plusieurs siècles, vous étiez cachée tout près d’ici, dans l’une des tours de l’ancienne muraille, à côté de ce qui est maintenant la Cuesta de la Vega. Ce sont les 374 années qui séparent Covadonga de la Reconquête de Madrid.
Nous nous souvenons tous de la tradition qui raconte que, lors d’une procession menée par le roi Alphonse VI pour remercier de la libération de la ville en 1085, un pan de muraille s’est effondré et a révélé l’endroit où les Madrilènes d’autrefois avaient caché leur Vierge face à l’avancée de l’invasion mahométane.
Les chroniques soulignent un détail singulier : la sculpture comportait deux cierges, un de chaque côté, qui sont restés miraculeusement allumés, cachés à l’intérieur de la roche, pendant des siècles.
Aujourd’hui, il me revient de renouveler le vœu de la Ville que mes prédécesseurs ont fait depuis 1646 et je voudrais attirer l’attention sur ces deux petits cierges qui Vous ont entouré ce premier 9 novembre et sur ce qu’elles symbolisent : l’apparition de la lumière au bout des ténèbres de l’épreuve.
L’année dernière, nous avons tourné nos regards et nos prières vers Vous, comme l’ont fait tant de fois les Madrilènes au cours de l’histoire, et nous avons demandé Votre aide au milieu de la terrible lutte contre la pandémie. Vous ne nous avez pas lâchés pendant cette sombre épreuve, et Votre aide ne nous manquera pas non plus maintenant dans la tâche qui nous attend : relancer la ville vers un avenir d’unité, de prospérité et de justice sociale.
C’est pourquoi, dans l’acte de renouvellement du Vœu de la ville devant Votre image, je Vous en supplie, Madame, au nom de tous les Madrilènes : Consolez les familles et les proches des personnes décédées pendant la pandémie, ainsi que la famille de Maria, décédée tragiquement la semaine dernière. Puissions-nous tous avoir toujours le cœur ouvert pour remplir notre principal engagement : répondre aux besoins des plus faibles et des plus défavorisés, afin qu’aucun habitant de Madrid ne soit laissé sans défense. Protégez et aidez nos familles pour qu’elles restent unies. Éclairez nos esprits afin que chacun d’entre nous puisse apporter sa pierre à l’édifice d’une ville plus charitable et plus juste.
Que depuis notre condition urbaine et cosmopolite, nous n’oubliions jamais les champs d’Espagne ni le milieu rural, base de notre richesse en tant que nation. Que la colère et la discorde n’apparaissent pas dans nos rues ; que Madrid ne perde jamais le sourire sincère avec lequel elle accueille chacun sans exception. Que les destins de l’Espagne soient préservés et que cette ville de Madrid, sa capitale, sache être l’image de son unité indissoluble et la projection de son meilleur avenir ; avec humilité, esprit de service, dévouement désintéressé et courageux au bien commun de tous les Espagnols.
Et qu’à ceux d’entre nous qui ont la responsabilité de gouverner, moi le premier, je Vous en supplie, Vous nous rappeliez chaque jour le conseil de Votre Fils : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous ».
Merci pour cet article édifiant! Demandons à la Vierge d’accorder à nos dirigeants la grâce d’une telle humilité et d’un tel désir d’être au service de tous et particulièrement des plus vulnérables!