Le 1er février est la fête du nouvel an chinois, également appelée « fête du printemps », est célébrée en Chine mais aussi dans tous les pays de la diaspora chinoise. Elle est suivie en particulier au Vietnam, où elle prend le nom de fête du Têt. Les festivités commencent le premier jour de la première nouvelle lune du calendrier lunaire. Une dizaine de jours avant le début de la nouvelle année lunaire, il est de coutume de procéder à un grand nettoyage du foyer, afin de chasser le mauvais sort qui pourrait s’y incruster. Traditionnellement, la veille et le jour du Nouvel An sont réservés aux célébrations familiales, notamment aux cérémonies religieuses en mémoire des ancêtres. Le premier jour de l’année, les membres de la famille s’offrent des enveloppes rouges renfermant de petites sommes d’argent. Les festivités s’accompagnent de multiples danses et feux d’artifice. C’est profondément une fête familiale et tous vont faire de longs déplacements pour revenir en famille.
Le père Benoit Vermander [1]prêtre jésuite, professeur à l’université Fudan à Shanghai et directeur scientifique du « Centre Matteo-Ricci – Xu Guangqi sur le dialogue » nous dit que « Le champ religieux chinois est d’une richesse et d’une diversité dont on peine souvent à appréhender l’étendue. À une époque où l’on s’intéresse surtout à l’impact économique et stratégique que la Chine exerce sur le monde, il importe de rappeler qu’elle possède aussi des ressources spirituelles à partager avec toute l’humanité. Paraboles, historiettes, propos rapportés constituent le matériau où s’enchâssent avec prédilection la sagesse et la religiosité chinoises. Ces histoires se colportent toujours, elles agissent encore secrètement sur l’esprit de qui les entend. De ce fait même, le « fonds religieux » chinois accorde une place de choix à l’acte d’interprétation. » [2]https://www.institutjeanlecanuet.org/content/la-chine-continent-spirituel
La fête du Nouvel An chinois existe depuis des siècles et puise ses origines dans les récits légendaires. L’un d’entre eux raconte comment Nian shóu, un démon féroce et hideux, dévorait les gens dans la nuit du premier jour de l’année. Or, un mendiant âgé arrive au village, une canne à la main, un sac à l’épaule, à la barbe blanche et aux yeux brillants. Une vieille dame de l’est du village l’a persuadé de fuir le nian dans les montagnes. Mais il rit et lui propose de l’aider. Il attire l’animal avec des papiers rouges collés aux portes alors que les villageois se sont enfuis. Le démon est attiré par le rouge et le mendiant lui fait peur avec le bruit et les détonations. Lorsque le lendemain les villageois rentrent au village, fous de joie, ils apprennent comment affronter la créature maléfique et vont retrouver leurs familles et amis pour leur transmettre et perpétuer la tradition d’année en année : placarder aux murs et sur les portes des formules conjuratoires sur papier rouge, laisser brûler toute la nuit des lanternes et allumer feux de Bengale et pétards. Il semblerait que les thèmes de la nuit de veille et la lutte contre les forces maléfiques attaquant les humains en cette période charnière de l’année soient tout naturellement présents. Guidé par un mendiant, les forces mauvaises sont combattus par la force de la famille, la joie éclatante de ceux qui se retrouvent et sont unis, la recherche de la lumière.
Le père Vermander continue « Durant les deux premiers siècles de notre ère, bouddhisme et taoïsme entreront en concurrence, en même temps qu’ils dialogueront avec un troisième terme, l’enseignement confucéen. Au cours de l’histoire, c’est de fait à une compétition pour leur légitimation par le pouvoir que se livreront les religions chinoises instituées. Mais en même temps, le débat que ces formes religieuses ont noué entre elles détermine le rapport chinois au religieux : un rapport qui concilie acceptation de la différence et nécessité de l’apaisement. » [3]https://www.institutjeanlecanuet.org/content/la-chine-continent-spirituel
Il est vrai que l’Asie dans les nombreux trésors qu’elle offre au monde a l’écoute. Pour dialoguer, il faut d’abord écouter. L’écoute de l’autre, l’écoute de la nature, l’écoute de son corps, l’écoute de cette douce et humble voix intérieure, une écoute qui demande un silence, une paix. Les personnes silencieuses sont souvent très respectées à la fois pour leur maîtrise d’elle-même mais aussi plus profondément pour cet espace qu’elles sont pour les autres, ce pont vers un Autre.
Petite anecdote thaïlandaise: le curé de la paroisse où les volontaires Point-Cœur vivaient une journée de retraite a dit dans son homélie dominicale que les volontaires étaient là « pour être en silence » et qu’elles aimaient respecter cela. Après la messe, une petite file de paroissiens est venu spontanément déposer des offrandes de nourriture pour les volontaires (à leur grande surprise !), par respect.
Nous souhaitons à tous nos amis chinois, vietnamiens et coréens une belle année du Tigre d’eau, dans la force et la douceur !
References
↑1 | prêtre jésuite, professeur à l’université Fudan à Shanghai et directeur scientifique du « Centre Matteo-Ricci – Xu Guangqi sur le dialogue » |
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↑2, ↑3 | https://www.institutjeanlecanuet.org/content/la-chine-continent-spirituel |
Merci pour ce bel article qui nous offre un autre regard sur la Chine!