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Jacinto Vera, figure fondatrice de l’Uruguay

Le 6 mai 2023 a eu lieu la béatification de Monseigneur Jacinto Vera, première béatification en terre uruguayenne.  En plus d’un événement pour l’Eglise locale, qui reçoit son premier Bienheureux, cela l’est aussi pour tout le pays. En effet, non seulement Monseigneur Jacinto forma l’Eglise naissante d’Uruguay mais il fut également une figure de paix dans ce pays alors naissant, et tourmenté par des batailles d’indépendance. C’est ainsi que de nouveau, 200 ans plus tard, il a su faire l’unanimité dans un pays qui a toujours entretenu des relations difficiles avec l’Eglise.

 

Jacinto Vera

 

L’Uruguay compte 3,4 millions d’habitants dont 38% sont catholiques et seulement 15% d’entre eux sont pratiquants. C’est le lieu où se joua la première Coupe du Monde de football en 1930 qui fut choisi pour l’événement de cette béatification. L’ampleur de cette convocation fut comparée à la venue de Jean-Paul II en 1988 avec 20 000 catholiques arrivés de tout le pays.

Malgré de mauvais pronostics, la pluie tant redoutée fut finalement légère et reçue comme une bénédiction. A deux reprises, le soleil perça les nuages : lorsque le Cardinal de Montevideo demanda officiellement la béatification de Jacinto Vera, et un peu plus tard, lorsque le voile qui couvrait son portrait tomba : le Ciel approuvait la reconnaissance de ce grand homme…

 

 

Mais qui est ce Jacinto qui, de son temps, fut la personne la plus aimée aussi bien dans les campagnes que dans les villes, qui a parcouru le pays trois fois jusque dans ses recoins jamais visités, qui fut proche des plus vulnérables et qui luttait pour la liberté de l’Eglise dans un contexte hostile ?

Jacinto est né en 1813 dans un bateau en provenance d’Espagne. Sa famille est pieuse et il participe à ses premiers Exercices Spirituels à 19 ans. C’est lors de cette retraite qu’il recevra l’appel de Dieu à devenir prêtre. Il se forme à Buenos Aires car il n’y a pas de séminaire dans son pays et est ordonné à 28 ans. C’est aussi à cette époque que la communauté jésuite est expulsée d’Argentine.

Il sera alors destiné à une paroisse proche de Montevideo où il restera jusqu’à ses 46 ans. Des personnes de la capitale acquirent des propriétés voisines de sa paroisse pour que leurs enfants et eux-mêmes puissent bénéficier de ses conseils.

En 1859, Jacinto est nommé Vicaire Apostolique de l’Uruguay. Sa première tâche sera de former son clergé en les faisant participer aux Exercices Spirituels. Puis, pour évangéliser son pays, il reçoit l’intuition de débuter des missions : il commence ainsi par un premier voyage de 9 mois dans tout le pays, où il rencontre le peuple, les prêtres et administre de nombreux sacrements.

Un an plus tard, le gouvernement, influencé par la maçonnerie, le démet de sa charge et l’envoie en exil. Jacinto doit alors partir à Buenos Aires où il restera pendant un an. L’opinion publique force le gouvernement à revoir sa position et le décret d’exil est annulé.

Pendant ce temps, le pays est toujours divisé par des batailles. Jacinto se rend sur place avec prêtres et médecins pour secourir les victimes du conflit des deux parties. Il fait de même durant l’épidémie de choléra.

Les journées de Monseigneur Jacinto commençaient à l’aube. Il passait de longues heures à confesser. L’après-midi, il visitait les malades, les pauvres, les riches, les prisonniers, les hôpitaux, etc. On allait à lui pour résoudre un conflit, annoncer une mauvaise nouvelle ou recevoir un conseil.

En 1878, Jacinto Vera fait les démarches auprès du gouvernement puis auprès de Rome pour que le Vicariat d’Uruguay devienne un diocèse. A 68 ans, Jacinto devient officiellement le premier évêque de Montevideo, c’est-à-dire de toute la République Orientale de l’Uruguay. Et en 1880 est inauguré le séminaire de ce nouveau diocèse, si longtemps attendu par Jacinto Vera. Il permettra aussi le retour des Jésuites en Uruguay, invitera de nouvelles communautés religieuses dans son pays et appuiera l’action des laïcs.

En 1881, Jacinto a 68 ans ; après Pâques, il part comme prévu vers la province malgré une météo défavorable. C’est alors qu’il souffre d’une attaque cérébrale. Don Jacinto rend son dernier souffle le 6 mai. Il reçut un hommage de la part de tout le pays, toutes classes et partis politiques confondus.

Son procès de béatification commença 50 ans après sa mort, mais il connut par la suite différentes vicissitudes et reprit finalement en l’an 2000. En effet, à l’image de son Eglise, il subit bien des péripéties. Mais sa figure reste intacte et constitue un témoignage important encore aujourd’hui.

 

Le moment où le Ciel s’ouvre à la demande de la béatification de Jacinto de la part du Cardinal.

 

Ce 6 mai 2023, comme lors de ses funérailles, se trouvèrent réunis tout un peuple et de nombreuses personnalités politiques de tous bords : le président actuel, deux ex-présidents et d’autres personnalités.

Jacinto est, sans aucun doute, une personnalité exceptionnelle aux yeux de tous et il fait partie de l’histoire de son pays.

Un mois après la béatification, une reconnaissance publique lors d’une session du Parlement uruguayen a rendu encore plus significative la figure de Jacinto Vera pour le peuple uruguayen et pour toute l’Eglise.

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