Les larmes d’Oum Chadi, chrétienne de Gaza habitant depuis son mariage à Beit Sahour, traversent la nuit de Noël. Cette année la tristesse remplace la joie de la fête, car elle a perdu sa sœur et son frère lors d’un bombardement d’une église à Gaza, et son troisième frère est décédé suite au manque de médicaments pour son traitement ; plus de 20 personnes de sa famille ont disparu en 1 mois, suite aux bombardements. Depuis plus de 6 ans, elle est empêchée d’aller visiter sa famille à Gaza : « Comment puis-je mettre un sapin de Noël dans ma maison, fêter, alors que ma famille meurt quotidiennement à Gaza sous les bombardements ? La situation est très douloureuse. » dit-elle avec beaucoup d’émotion dans un interview. [1]https://youtu.be/EHlL1r_Rx98?si=utFy__ak5Sz6lcqW
Un prêtre allumant un cierge devant la crèche grise « Noël sous les décombres », Place de la Nativité
Dans les rues de Bethléem cette année, pas de décorations, pas de sapins de Noël, pas de chants, les scouts sont rentrés sur la place de l’Eglise de la Nativité en portant des pancartes appelant au cessez-le-feu, à l’arrêt du génocide et du déplacement forcé des Palestiniens, plutôt que leurs instruments de musique comme chaque année. Ils ont devancé le Patriarche des Latins Pierre Batista qui a lancé un appel urgent non seulement à l’arrêt des combats, mais pour reconstruire Gaza : « Il faut cesser le feu, arrêter toute cette violence, et que les gens retournent – vivants ! – chez eux, même s’ils n’ont plus de maisons. Il nous faut reconstruire Gaza, et il nous faut être unis, chrétiens et musulmans face à cet ennemi qui nous traque ».
Un immense arbre de Noël de 80 m avec les lumières rouges et vertes, – celles de la Palestine – décore habituellement en cette période de Noël la place de l’Eglise de la Nativité. Cette place où la musique retentissait habituellement toute la nuit, où une foule de Palestiniens et des pèlerins du monde entier venaient participer à la messe de minuit. Mais cette année est différente, au cœur de la Palestine souffrante, la place est vide, l’arbre n’a pas été mis, mais remplacé par une œuvre d’art : une crèche grise, conçue par l’artiste Palestinien Tarek Salsaa. Grise comme la couleur de la ville de Gaza complètement détruite, nous ramenant ainsi d’une façon toute particulière au martyr des saints innocents mélangé avec la joie de Noël. Il y a 2023 ans, l’évènement de la naissance de Jésus a été accompagné par le massacre des enfants de Palestine; aujourd’hui, l’histoire semble se répéter. Gaza est submergée par la destruction de tous ses bâtiments, réduite à une couleur grise. La crèche a la forme de la carte géographique de Gaza, l’étoile émane d’une bombe (pour insister malgré tout sur l’espérance). La Vierge Marie porte avec tristesse son enfant, dans un linceul, statue si parlante à toutes les mamans Palestiniennes portant leurs enfants tués à Gaza. L’ange représente tous les martyrs palestiniens, tout particulièrement ceux de Gaza. Tarek a donné le nom de « Noël sous les décombres » à cette crèche, car elle représente une maison palestinienne sous les décombres.
Voir la video de la crèche « Noël sous les décombres » entre les minutes 0:37 et 1:20
Au cœur de ce drame que vit la Terre Sainte cette année, la chanteuse Nai Barghouti, Palestinienne musulmane dédie le chant du Sanctus avec sa si belle voix grave et douce à la fois, en cette nuit de Noël, pour tous les chrétiens de Palestine sur sa page Instagram, avec ce message : « La fête de Noël a été annulée à Bethléem, en Palestine, lieu de naissance de Jésus, pour pleurer les milliers de Palestiniens tués à Gaza. Je dédie cet hymne à notre peuple courageux de Gaza, aux Palestiniens chrétiens et à tous les chrétiens du monde entier qui n’ont pas participé au génocide. Je vous souhaite à tous une nouvelle année de paix, de justice et d’amour ».
Ecouter le Sanctus par la voix de Nai Barghouti
References
Union de prières