Le Pape François a répondu aux journalistes dans l’avion qui le ramenait des JMJ, alors qu’on l’interrogeait sur l’ordination sacerdotale des femmes : « En ce qui concerne l’ordination des femmes, l’Église a parlé et dit : "Non". C’est Jean-Paul II qui l’a dit, mais il l’a formulé de manière définitive. Cette porte-là est fermée, mais à ce sujet, je veux vous dire une chose. Je l’ai dit, mais je le répète. La Vierge Marie était plus importante que les apôtres, les évêques, les diacres et les prêtres. La femme, dans l’Église, est plus importante que les évêques et les prêtres ». Voici quelques éléments pour éclairer cette réponse.
© Jean-Marie Porté
Les revendications à l’intérieur et à l’extérieur de l’Eglise afin que les femmes deviennent prêtres reviennent inlassablement comme un leitmotiv, surgeon coriace du féminisme et de l’égalitarisme, mieux de "l’indifférenciatisme" qui gangrènent notre culture actuelle. Même si Jean-Paul II a dit non de façon définitive la question reviendra encore pour longtemps. Aussi il est bon de chercher à comprendre ce que François a voulu dire en disant que les femmes dans l’Eglise sont plus importantes que l’institution ecclésiastique. Evidemment, Il n’a pas dit cela pour faire plaisir aux femmes ni même pour se débarrasser d’une question embarrassante. Ce qu’il dit est infiniment vrai : Marie est plus importante que les évêques et que les prêtres.
Au cœur du lien à l’intérieur de l’Eglise entre le ministère sacerdotal et le rôle de la Vierge Marie il faut placer la vie. Si on oublie que c’est de vie dont il s’agit, on ne peut rien comprendre. Si la foi n’est que croyance en des choses à savoir, on ne peut rien comprendre, si la foi n’est qu’une sorte de certitude désespérée en un au-delà, ou même mieux, en un salut offert parce qu’on y croit, on ne peut rien comprendre de ces choses-là. La foi est vie ! L’Eglise est vie ! Ou mieux, l’Eglise est source de vie, source de vie divine, source de ce mystérieux don qui s’ajoute à notre vie humaine pour la parfaire, pour la bonifier, pour « la vieillir » comme on le dit d’un bon vin.
Que font les évêques et leurs collaborateurs, les prêtres ? Ils donnent la vie. Ils la donnent en donnant les sacrements, spécialement l’Eucharistie qui est la vie même de Dieu reçue au quotidien. Ils la donnent en proclamant la Parole de Dieu et en la rendant vivante spécialement dans la liturgie qui actualise les mystères de salut. Ils la donnent en « gouvernant » le peuple de Dieu, c’est-à-dire en orientant, en conduisant le Peuple de Dieu vers Dieu, à la rencontre avec Dieu. En des termes plus vagues, ils sèment de la semence divine, de la grâce que leur ministère permet, ils sèment comme les hommes donnent la semence pour que la femme la reçoive et la transforme en quelque chose de radicalement différent qu’est la vie humaine. Ce ministère de semence s’apparente plus au ministère du Christ, il appartient aux hommes et non aux femmes.
Que fait la Vierge Marie ? Elle est comme la bonne terre, elle accueille la semence pour lui donner vie. Que fait la femme ? Elle accueille la semence pour enfanter, donner vie à l’homme et à la femme. Cet accueil est le cœur de la foi de Marie, ce doit être aussi le cœur de la foi de l’Eglise. Une Eglise masculine cherchera toujours à reprendre le don offert, elle cherchera à faire de l’Eglise son projet, son bébé, à l’image de ses idées, de ses modes, de ses intérêts. Une Eglise féminine, authentiquement féminine, sera beaucoup plus noble car elle cherchera à recevoir d’un autre sa propre vie. Elle ne se laissera pas séduire par les modes et les intérêts, elle résistera pour écouter le Seigneur comme une épouse. L’Eglise mariale est l’Eglise qui de siècles en siècles redit au Seigneur Dieu : « Que tout se fasse en moi selon ta parole ». Elle obéit dans le sens le plus noble du terme, elle obéit aux exigences de son cœur, et non aux exigences du monde. Elle ne fait pas violence à la réalité, elle l’accueille comme un don de Dieu.
Le prêtre sème, la femme donne vie. Qui donne la foi, qui transmet la foi ? Ce sont les femmes, rarement les prêtres. Des sœurs biélorusses nous racontaient que pendant 70 ans, sous le régime communiste, il était interdit de pratiquer librement sa religion. Quand le communisme est mort, parti en lambeaux, emporté par ses utopies sanguinaires, la foi est réapparue comme par miracle. Le clergé avait été presqu’entièrement exterminé, mais la foi revenait comme par miracle dans le cœur d’un très grand nombre de jeunes. Où est le miracle ? Le miracle s’appelle la femme, la grand-mère, fidèle, gardant tout dans sa mémoire, ne pouvant éteindre la flamme de l’amour pour Jésus malgré les mensonges communistes, malgré l'endoctrinement, malgré la violence. Sans aller en Biélorussie, il est clair que la foi se transmet avant tout dans la famille, par la mère, par le visage féminin associé à celui de l’amour.
Il ne faut par pour autant opposer Marie aux prêtres. Le prêtre doit apprendre de Marie la douceur, la tendresse, l’attention, la présence simple et essentielle de la mère. Le prêtre, s’il veut être un bon prêtre, doit être marial pour recevoir de la mère ce que le Pape François appelait aux JMJ « la révolution de la tendresse », pour que l’homme redécouvre dans l’Eglise et par l’Eglise la miséricorde de Dieu, sa douce miséricorde, sa tendre miséricorde. Le prêtre doit être marial aussi pour ne pas faire que semer, mais pour aussi prendre soin de la pousse qui germe, de la foi qui naît dans les cœurs.
Si l’Eglise ordonnait indifféremment hommes et femmes, elle gommerait la différence essentielle des deux pôles de notre humanité. C’est ce que cherche à faire la société civile avec les lois pour le mariage homosexuel s’appuyant sur l’idéologie du gender. Cette différence est essentielle, au sens premier du mot, c’est-à-dire, inscrite dans notre corps et dans notre âme indépendamment de nos orientations sexuelles et psychologiques. Elle est essentielle aussi pour la vie. C’est dans l’altérité de l’homme et de la femme que se construit l’amour et que jaillit la vie. Il faut que cette différence essentielle existe aussi dans l’Eglise. Le Seigneur Jésus a voulu que l’Eglise, comme toute la religion, soit enracinée dans la loi de la nature, du cosmos, de l’ordre créé par Dieu. Cet ordre est harmonieux. Nous savons combien il faut respecter la nature pour qu’elle vive et ne soit pas détruite. « L’écologie humaine » passe par ce respect des essentialités. Leur faire violence ne fera qu’engendrer des déséquilibres et des catastrophes. Pour que la vie divine soit transmise, pour que la grâce qui nous sauve et nous fait participants de la vie de Dieu soit reçue dans le cœur des hommes, il faut respecter cet ordre et donner à chacun son rôle. L’homme (et pas seulement le prêtre) doit redécouvrir ce que veut dire être un homme, et la femme doit redécouvrir la richesse de sa personnalité en tant que femme, ayant son caractère propre, sa mission propre. Et l’un et l’autre doivent s’enrichir mutuellement de la particularité de l’humanité qui est la leur.
Merci à Thibaud d'aborder cette question difficile. L'Eglise s'est prononcée sur la question, mais elle doit encore faire un gros effort pour expliquer sa position: certains arguments traditionnels ne sont en effet pas toujours convaincants . Le binôme prêtre/femme, retenu par l'auteur pour sa démonstration, demande lui aussi à être approfondi: quelle est la place des hommes qui ne sont pas prêtres ? Je vois une autre interprétation, nullement contradictoire avec celle de Thibaud, des propos du pape François : le sommet de la vie chrétienne n'est pas d'exercer un ministère dans l'Eglise, mais de s'identifier au Christ et de tendre à la sainteté. Au Ciel, il n'y aura plus de prêtres et de laïcs, mais Dieu et ses enfants rassemblés. L'humble veuve qui met sa dernière pièce dans le tronc retient plus l'attention de Jésus que tous les officiants et nous précède tous dans le Royaume. Marie à plus forte raison.
De mon côté, je reste perplexe devant cet essentialisme chrétien. Oui, j'ai déjà fait une retraite de Consécration au Coeur de Marie, il y a très longtemps. Mais, le cheminement, avec les années, me montre que le Lieu où Dieu nous attend n'est pas dans les essences que l'on réfléchit. Par l'Incarnation et la Pâques, Lui, le Roi, descend dans l'Humilité de nos Pauvretés ( Incarnation) et de nos Souffrances (Pâques). Nous prêchons un Messie crucifié, folie pour les uns, scandale pour les autres. Au nom des essences, nous avons désincarné le visage de Dieu, nous avons défiguré aussi le visages des humains ( la "femme", l'"autochtone", le "pauvre", l'"homosexuel", etc…". L'histoire concrète nous montre que les essences ont servi les dominants à légitimer des ordres sociaux au nom de Dieu, de la Science, le Progrès, la Santé, l'Egalité, etcc… Le visage de Dieu que je veux annoncer, c'est le Poverello… même si ma vie s'éloigne trop souvent de Lui! Si la rationnalisme rationalise, ne jouons pas son jeu.
Ainsi, comme vous le constatez, tout respect, je suis davantage dans la position du dernier commentaire.
Je reconnais toutefois qu'une réflexion s'impose.
Moi, pour ce qui est de la réflexion du pape, je trouve qu'elle se situe simplement dans la tradition personnaliste de l'Eglise ( voir le philosophe E. Mounier).
Et pour ce qui est des vindications féministes, au lieu d'y voir de l'indifférencialisme, j'y vois une colère qui est saine, comme celle de ma conjointe qui me confronte dans mes sécurités, mes conceptions figées. LaVie est selon moi très dynamique.
Mais il est sage en effet de constater que l'idéologie du gendrer est bien réelle, organisée et se déploie avec efficacité: j'en suis témoin sur le terrain. Une réflexion autonome est nécessaire. Mais laquelle?
Une idéologie de la semence sacerdotale? Ouf Pas pour moi.
Je suis ouvert à vos propositions, comme j'espère de ma conjointe une saine dialectique
Ernesto
Pour approfondir la question, ce texte de l'Eglise est très bien fait, pour comprendre au moins la raison de n'ordonner que des hommes. L'analyse se fait à partir du Christ, que le prêtre fait plus que représenter puisqu'il agit "en sa personne"; et développe bien la dimension nuptiale de la vie chrétienne que j'ai voulu exprimé par cette image biblique de semence:
http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_19761015_inter-insigniores_fr.html
Ce qui apparait moins, est ce que dit François et qui est central: la femme est plus importante que les ministères ordonnés. C'est cela surtout qu'il faut tenter de comprendre à la lumière de ce que vous dites bien Bruno: l'essentiel est d'être un saint. C'est Marie en ce sens, dans ce qu'elle a de proprement féminin qui exprime ce que veut dire "devenir" et "être" un saint.
Je pense que l'on pourrait approfondir encore cette question en explorant à frais nouveau la dignité sacerdotale, prophétique et royale qui est celle de tout baptisé. Elle a été minimisée aprés de le Concile de Trente parce que les Réformés insistaient sur ce sacerdoce universel. Le prêtre agit certes "in persona Christi", mais tout chrétien est un "autre Christ" quand il dit "père" avec Jésus. En focalisant sur le sacerdoce ministériel un bien qui est aussi, pour une grande part, celui du peuple de Dieu, on a inévitablement créé des frustrations.
C'est très juste, la place de la femme dans l'Eglise passe par une redécouverte du sacerdoce commun de tout chrétien. Me vient une anecdote d'une femme qui était sur son lit à cause d'un cancer et qui nous disait: "mon lit, c'est mon autel". L'offrande à laquelle nous sommes tous appelés est le coeur de notre vie chrétienne et cette offrande est réalisée par Marie associée au mystère de la rédemption d'une manière unique (ce que Syméon lui prédit). Sans être prêtre, elle participe à son sacerdoce d'une façon infiniment plus féconde que les Apôtres. C'est ce à quoi est appelé chaque fidèle à chaque messe, devant l'unique prêtre qu'est le Christ, pour faire de leur vie un sacrifice de louange: "mon âme exalte le Seigneur…"
Je suis moi aussi perplexe devant l'affirmation du pape François. Les dimensions mariales/johaniques, pauliniennes et pétriniennes sont pour moi tout aussi importantes dans l'Eglise, je ne vois pas pourquoi il faudrait établir entre elles une quelconque gradation.
"Une Eglise masculine cherchera toujours à reprendre le don offert, elle cherchera à faire de l’Eglise son projet, son bébé, à l’image de ses idées, de ses modes, de ses intérêts. Une Eglise féminine, authentiquement féminine, sera beaucoup plus noble car elle cherchera à recevoir d’un autre sa propre vie. Elle ne se laissera pas séduire par les modes et les intérêts, elle résistera pour écouter le Seigneur comme une épouse."
Mais alors pourquoi la direction de l'Eglise a-t-elle été confiée aux apôtres, tous des hommes, et pas à Marie et aux autres saintes femmes ?
Certes, Marie eu certainement un rôle d'accompagnement de la vie de l'Eglise naissante, mais pourquoi n'y a-t-il pas une ligne sur elle dans le Nouveau Testament hors Evangiles (excepté le "né d'une femme" de Paul) ?
J'ai personnellement une dévotion mariale tout-à-fait développée, mais j'avoue que je ne comprends pas du tout cette assertion : les apôtres sont évoqués dans les Actes des âpotres comme les "colonnes de l'Eglise". Toute la tradition, certes, donne à la Vierge Marie des titres tous plus glorieux les uns que les autres, et nous sommes heureux de partager cette dévotion extrême avec nos frères orthodoxes.
Mais à qui Jésus a-t-il dit : "Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise" ?
Non, vraiment, je vous en prie, j'ai besoin d'une explication beaucoup plus convaincante pour accepter une affirmation concernant une gradation qui me semble établir plutôt un antagonisme qu'un équilibre tranquille entre les différentes dimensions de l'Eglise, une Eglise où la symphonie des rôles et personnes ne me semble pas donner plus d'importance à qui que ce soit.
" Pourquoi la direction de l'Eglise a-t-elle été confiée aux apôtres, tous des hommes, et pas à Marie et aux autres saintes femmes ?" Cette question mérite qu'on y réflechisse. Les historiens ont en effet une réponse , partielle mais pertinente : le témoignage des femmes n'était pas recevable dans les sociétés anciennes. Quand Marie-Magdeleine dit
" J'ai vu Jésus réssuscité", on n'y croit pas. Quand c'est Simon-Pierre on dit: "C'est vrai". La réponse consistant à dire : Jésus a choisi des hommes donc le ministère est réservé aux hommes dans l'Eglise doit être davantage argumentée . Il se peut fort bien que Dieu ait des projets spécifiques pour les hommes et pour les femmes dans son Eglise, comme c'est le cas au sein de la famille. Un bon discernement nécéssitera d'adopter une conception trés humble du "gouvernement" dans l'Eglise . Il convient ensuite, je le répète, de resituer à sa juste place le sacerdoce ministériel, qui est d'abord au service de la fonction sacerdotale et prophétique qui est celle de tous les baptisés, fonction éminente qui ne doit pas rester un simple concept théologique.
C'est vrai qu'une gradation semble étrange, c'est en quelque sorte le côté "scoop" du Pape François.
Si on commence par observer simplement la vie du peuple de Dieu, Marie a une place infiniment plus importante que tous les Apôtres réunis et de Pierre particulièrement. Peu de gens "prie" par l'intercession de Saint Pierre, et peu sont capables de donner la liste du nom des 12 Apôtres. Dans une église, il y aura toujours Marie, rarement St Pierre ou St Paul, on mettra des bougies à Marie, on fera des pélés à Marie, etc. Ceci déjà est un fait objectif qui mérite d'être regarder même en théologie. Ce n'est pas seulement de la dévotion, c'est un signe très clair d'une réalité de foi.
Marie apparait ensuite dans le Nouveau Testament à la Pentecôte (naissance de l'Eglise) et surtout dans l'Apocalypse, au chapitre XII: "un signe grandiose", une femme couronnée de 12 étoiles avec le manteau pour soleil et la lune sous les pieds. Cette vision de "la femme" (qui est à la fois Marie et l'Eglise car elle met au monde le Fils de Dieu comme homme puis comme frère d'une multitude) compléte les images de l'Eglise comme "Jérusalem céleste" dont les fondations sont les 12 tribus et les 12 Apôtres. Cette fois les 12 couronnent la femme, ils sont ces 12 étoiles. Ils sont comme un "attribut" de la royauté de Marie dans sa fonction de Mère qui enfante dans les douleur celui qui conduira les peuples avec un sceptre de fer. Ce travail d'enfantement propre à l'amour est la 1° place dans l'Eglise. C'est ce "travail d'amour" si on peut dire qui forme les chrétiens et les engendre à la vie nouvelle (techniquement, c'est le sacerdoce commun des laïcs). C'est le travail de la femme, c'est le travail de Marie, c'est le travail de tout homme. Cette dimension en l'homme de l'amour ouvre à la vie (biologique et surnaturelle). C'est pourquoi, Marie est plus importante que les Apôtres et que très naturellement le peuple de Dieu lui a donné depuis les 1° siècles, la première place dans leur coeur.
Je pense que la question posée au sujet du refus d'ordonner des femmes prêtres n'est pas uniquement une "revendication féministe". La place des hommes dans la société a longtemps été exclusive, et il n'est pas illégitime que l'Eglise soit interpellée sur cette question dés lors que la prédominence masculine est remise en cause. Elle doit poursuivre sa réfléxion sur le sujet en la purifiant de tous les préjugés sociaux qui ont pu l'influencer au cours des siècles précédents. Merci à Thibault d'avoir apporter sa contribution. Il reste beaucoup de chemin à parcourir.
S'il est vrai que la pensée de l'Eglise s'inscrit dans l'histoire des hommes et qu'à certaines époques, l'Eglise est invitée à aborder des sujets sur lesquelles elle ne s'est pas beaucoup prononcée auparavant, il faut toutefois retenir que l'Eglise ne se laisse jamais complétement influencer par son époque (sinon, elle ne serait pas l'Eglise, la communauté surnaturelle de Dieu). Le cas précisément de la place des femmes est très significatif. Le texte du magistère dont le lien est indiqué plus haut montre bien que Jésus puis l'Eglise se démarquent de leur époque vis-à-vis de cette question (la relation Jésus/femme et la relation sacerdoce/femme dans l'Eglise naissante dans une culture où les femmes étaient prétresses). Ensuite, les femmes dans les siècles passées ont eu souvent des "rôles d'hommes": des reines qui gouvernent ou qui régentent par exemple.
Il semble que la question n'est pas avant tout culturelle, mais théologique. Le choix de Jésus pour des hommes pour le sacerdoce de la nouvelle alliance est un choix souverain qui exprime quelque chose de son obéissance filiale au Père (il prie avant de choisir les 12). Le point de départ de la réflexion sur le sacerdoce exclusivement masculin doit donc procéder de ce fait auquel l'Eglise se sent le devoir d'obéir. Et cette réflexion est surement le point de départ d'une pensée extrêmement féconde pour notre époque particulièrement désorientée dans ce rapport homme/femme. Il faut étudier Edith Stein, Adrienne von Speyr, Hans Urs von Balthasar, Ratzinger et bien sûr Jean Paul II qui en a souvent parlé. Un vrai renouveau attend ici l'Eglise, source féconde pour la société. Il y a là un "devoir prophétique" à mon sens.
Thibaud a probablement raison quand il dit que le choix d'hommes comma apôtres par Jésus repose sur un choix de Dieu. Mais cet argument ne saurait se suffire à lui-même. Il reste un gros travail à faire pour purifier le ministère écclésial de toute tentation de "pouvoir", et définir la place éminentedes femmes dans l'engendrement à la foi.
Sur l'argument central « Les Douze étaient des hommes »
Oui, mais ils étaient surtout douze juifs, or nos prêtres sont plus que douze et peu d’entre eux sont juifs. C’est pourtant cette réalité là qui est signifiée par Jésus. Il est le Messie venu accomplir la promesse faite par Dieu de rassembler tout Israël à la fin des temps. Des douze tribus d’Israël, nommées d’après les douze fils de Jacob, il ne restait alors plus grand-chose.
Jésus choisit donc, pour renouveler son peuple, douze nouveaux fils de Jacob qu’il envoie en mission en Israël. Les premières communautés comprirent que cette nouvelle Alliance rassemblait non seulement les douze tribus mais l’humanité toute entière, qu’elle concernait les nations païennes et aussi plus directement les femmes en n’exigeant plus la circoncision mais le baptême : « Oui vous avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec ; il n’y a plus ni esclave ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme ; car tous, vous n’êtes qu’un en Jésus Christ. » (Galates 3, 27-28)
D'autre part, Thibaut, je ne suis pas convaincu par l'hyper-sexualisation des fonctions dans l'Eglise.
L'image du Christ époux est une analogie. Elle ne saurait réduire la relation de Jésus à son Eglise et je me vois mal maximiser tout ce que cela suppose d'être époux dans une société donnée. Certainement pas la messe comme quasi-éjaculation et encore moins le rôle de l'épouse tel qu'il était conçu dans les sociétés anciennes : simple terre accueillant la semence active du mâle, obéissance au maître époux, etc. Il me semble que Jean-Peul II a souvent dépassé ces représentations en parlant de la réciprocité de l'aide (Genèse) et de l'obéisance (St Paul). L'Eglise enfin n'est pas qu'épouse. Elle est aussi le corps du Christ, le peuple de Dieu, le sacrement de son alliance, les prémices du royaume de Dieu, etc.
L'image de l'époux-épouse n’est qu’une image : une des manières de parler du mystère de notre salut. Si l’on devait en faire un absolu, il faudrait aussi exclure les hommes de l’assemblée car ils ne sont pas à l’image de l’Église épouse (et je rejoins ici la remarque de Bruno, qui explique peut-être en partie pourquoi les hommes désertent les Eglises). D’autre part, dans le sacrement de mariage les époux homme et femme sont tous deux ministres au nom du Christ et cela ne les empêche pas d’être ainsi le signe des noces du Christ et de l’Église.