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« Non mi piace ! » qui se traduit par « Je n’aime pas ça », est la réponse de bons amis et grands fans de l’histoire de Pinocchio. Après des mois d’attente de la sortie au cinéma de la nouvelle adaptation du livre de Carlo Collodi, le jugement est négatif et montre une grande insatisfaction non seulement de la part de ces amis, mais de la part de tant de personnes qui voient dans cette histoire non seulement une histoire pour enfants, mais bien au-delà : un véritable traité de théologie, centré surtout sur le thème de la rédemption et du salut.

 

 

Dans cette version du film de 2019, toute la beauté de l’intervention divine disparaît, parce que « la fée bleue » qui, comme l’a dit le Cardinal Biffi, est le personnage « divin » de l’histoire, mais elle disparaît derrière une bonté exagérée qui n’aide pas le personnage principal à reconnaître ses erreurs et à retourner dans les bras de celui qui l’a sculpté, qui est aussi son père, et qui peut lui pardonner et l’aider à grandir. La liberté ne se manifeste pas non plus comme l’auteur l’a voulue dans le livre : elle est réduite à une capacité humaine, une capacité que Pinocchio a et que les autres n’ont pas.

L’auteur : Carlo Collodi

L’auteur des « Aventures de Pinocchio » est né à Florence en 1826. Journaliste et critique d’art, il a travaillé pendant de nombreuses années dans la critique. Une enfance chez une tante journaliste marque son destin, puisqu’il sera considéré comme l’un des plus importants représentants de la langue italienne moderne. Ses romances ne sont pas toujours au goût des critiques et il cherchera, après une relation qui n’a pas réussi avec une actrice de la Scala, à se mettre au service de son pays en tant que journaliste et écrivain sur les lignes de front du Mouvement révolutionnaire de l’entre-deux-guerres. De retour à Florence, de nombreuses propositions de collaboration sont nées, mais presque toutes se sont mal terminées. Ainsi il a travaillé pour la censure des pièces à Florence. Un travail qui, pour Carlo Collodi a perdu de son intérêt au fil du temps.

L’année 1875 sera importante pour l’écrivain. Il commence à écrire quelques histoires pour les enfants dans la maison de son frère, devant le jardin de la famille des Médicis. Il a également commencé à traduire des histoires de différents auteurs, en particulier celles d’origine française, comme les histoires de la marquise de Beaumont et de la comtesse d’Aulnoy. Après ces expériences, en 1881, il demande la retraite et commence à écrire l’histoire de « Pinocchio » pour un quotidien appelé « La Farfulla », qui a une section pour les histoires d’enfants. Le choix d’une marionnette comme personnage réside dans son amour pour le théâtre populaire. Bien qu’en 1881 la fin de l’histoire ait déjà été écrite, le directeur de la revue demande à Collodi d’écrire d’autres parties de cette histoire et ainsi en 1882 et 1883 apparaissent d’autres chapitres de l’histoire de Pinocchio, qui seront au total 36.

Quand sa mère décède, ce fut une douleur pour l’écrivain qu’il ne pourra pas supporter, il change de quartier, pour échapper à certaines tentations (on dit qu’il était alcoolique et avait des problèmes liés au jeux d’argent) ; la maison d’édition Paggi publie tous les chapitres des « Aventures de Pinocchio » accompagnés d’illustrations d’un jeune artiste : Enrico Manzatti. Dès la publication, ce sera un grand succès. En 1883, la première édition fut suivie de cinq autres et il fallut faire appel à d’autres imprimeurs pour répondre à la demande du public.

Pinocchio sera l’œuvre la plus connue de l’artiste, qui mourra brusquement à l’âge de 59 ans, en rentrant de la maison d’un ami écrivain. Après les funérailles d’État, son corps est enterré dans le cimetière de la Porta Santa, où la famille a une chapelle privée.

 

Dessin original de Pinocchio. Photo: Source

 

Cardinal Giacomo Biffi

Parmi les commentateurs de cet incroyable récit, et qui a maintes fois évoqué ce conte, il faut mentionner le Cardinal Giacomo Biffi. De nombreux thèmes sont originaux dans cette histoire. Le premier est celui de ce « créateur » qui veut être père, sachant que dans aucune autre histoire on ne voit ce désir : être le père d’une marionnette, d’une marionnette. Dans le bois qui constitue la forme de Pinocchio naît le désir d’être « comme le Père » de lui ressembler. Une parabole, comme l’a dit le Cardinal, de l’être humain qui veut faire partie de la même substance que le Père. Le retour au Père n’est pas facile : Pinocchio voit le bien, mais décide toujours d’aller du côté opposé. Cela se répète jusqu’à ce que l’intervention « divine » dans la « fée bleue » ne vienne pas et que Pinocchio, comme l’être humain, soit sauvé grâce à une intercession extérieure, Quelqu’un qui vient l’aider et le sauver.

Un salut qui n’est pas arbitraire, car il laisse toujours le personnage décider ce qu’il doit faire : soit être comme son père, soit se transformer, comme l’enfant ami, en âne, en animal sans possibilité de choix. Il y a une décision que Pinocchio, et en fin de compte chacun de nous, doit prendre : celle de devenir comme son créateur, dans ce cas Geppetto. L’homme peut choisir seulement s’il existe en lui quelque chose de « divin » qui lui permet de marcher vers le bien. Comme le dit saint Paul, mais aussi Dante dans la Divine Comédie : il faut que l’homme découvre, dans un premier temps, qu’il y a quelque chose dans son être qui est déjà divin : la force rédemptrice qui est en nous.

Le Cardinal Biffi, en commentant l’histoire de Pinocchio, a toujours eu quelques mots sur le choix d’une marionnette comme personnage. Les poupées ou marionnettes se déplacent grâce à des cordes invisibles qui appartiennent souvent à quelqu’un qui les domine. Le Cardinal Biffi a toujours dit que la liberté de ces marionnettes ne naît pas de la mort du marionnettiste (ou d’un tyran) mais bien au-delà : de la reconnaissance qu’il y a un Père. Quand le marionnettiste de l’histoire de Pinocchio se rend compte qu’il a un Père, il reconnaît qu’il ne peut pas le dominer pour toujours et qu’il y a déjà quelque chose en lui qui le rend libre et le laisse rentrer chez lui. La vérité de l’homme ne naît pas en faisant disparaître le tyran, car l’un disparaît et un autre vient. La liberté naît dans la reconnaissance de la relation d’amour avec le Père.

Habitué au dessin animé de Disney et maintenant à une super production comme celle de Matteo Garrone, cette année 2020 serait l’occasion de lire le livre « Les Aventures de Pinocchio » qui peut nous en dire plus qu’une bonne fable : la nécessité de reconnaître le Père qui nous attend toujours.

 

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En italien, le Cardinal Biffi commentant le conte de Pinocchio comme une parabole

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1 Commentaire

  1. Aude G

    Merci beaucoup Mauricio pour cet article : je n’avais jamais réalisée la profondeur de ce conte ! Le symbole de la marionnette, de ses fils (qui relient les différentes parties de son corps), c’est aussi la main du Père qui nous mène « avec des attaches humaines, des liens d’amour… »
    Osée 11, 1-4
    « Quand Israël était jeune, je l’aimai, et d’Égypte j’appelai mon fils.
    Mais plus je les appelais, plus ils s’écartaient de moi; aux Baals ils sacrifiaient, aux idoles ils brûlaient de l’encens.
    Et moi j’avais appris à marcher à Éphraïm, je le prenais par les bras, et ils n’ont pas compris que je prenais soin d’eux!
    Je les menais avec des attaches humaines, avec des liens d’amour; j’étais pour eux comme ceux qui soulèvent un nourrisson tout contre leur joue, je m’inclinais vers lui et le faisais manger. »

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