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Elections au Honduras, un peu de hauteur avec le cardinal Rodriguez-Maradiaga

Au Honduras plus encore qu’ailleurs en Amérique Latine, les indices d’insécurité, les conséquences du narcotrafic, l’instabilité économique ou la corruption à tous les étages de l’administration provoquent une relation ambiguë vis à vis du pouvoir qui oscille entre le désintérêt, le sentiment d’impuissance et celui d’être sans cesse trahi dans son espérance.

Ce découragement face au futur du pays est renforcé par le fait que ni les gouvernements de gauche ni ceux de droite n’ont échappés au naufrage. C’est bien la foi dans les institutions et autres structures partisanes qui est blessée et c’est pour cela qu’ont surgit dans la région ces dernières années des figures charismatiques au profil messianique qui apparaisse comme une espérance de salut et qui ayant gagné l’appui suffisant de la part de ula population, adoptent des mesures définitives polarisantes qui donnent lieu à une corruption sans scrupule légitimées par le soutien populaire. 

C’est dans cet état d’esprit que les honduriens vont se rendre aux urnes ce dimanche dans un contexte extrêmement tendu par la situation du pays (un taux de pauvreté au dessus de 70%, une criminalité record). Surtout, pour la première fois de son histoire le président sortant, Juan Orlando Hernandez est candidat à sa propre succession, du fait d’une révision constitutionnelle adoptée par sa majorité. La mémoire collective se souvient qu’en 2009 le coup d’état a éclaté suite a l’intention du président de provoquer un referendum pour lui permettre de se représenter. Il a été renversé par l’armée pour que lui succède un gouvernement de droite coupable de corruption, financé par les Etats-Unis. Curieusement en 2016, ce même parti a reçu l’accord de la cour suprême pour voter la même loi. 

La participation citoyenne est totalement viciée puisqu’a peine 40% de la population vote. Des faits de violences, menaces de mort ou coactions de diverses formes sont rapportés. Surtout il est fréquent que les gens reconduisent le gouvernement en place en échange de paniers de nourriture ou de tôles pour refaire leur toiture.  

Dans ce contexte l’Église Catholique devient un acteur politique majeur puisqu’elle est un groupe d’influence indépendant du pouvoir en place et peut être le seul portant un intérêt pour le bien commun. C’est pour cela que depuis les paroisses sont donnés des ateliers de formations et de débats sur les élections, incitant chacun à participer au suffrage. A sa tête, le cardinal Oscar Andres Rodriguez Maradiaga, prend une place prépondérante dans le débat public. C’est par son intervention qu’il y a dix ans la quasi totalité de la dette externe du pays a été « pardonnée », ce par quoi il a gagné une image positive jusque dans les rangs de la gauche hondurienne. Cette image s’est détériorée durant l’exil du président renversé, Zelaya, lorsqu’il a jugé qu’il valait mieux qu’il ne rentre pas au pays pour éviter une nouvelle vague de violence. Au milieu d’une grande contestation sociale, cette prise de parole a été interprétée comme un soutien au gouvernement installé par le coup d’état et dont la politique très impopulaire agrandissait la fracture entre riches et pauvres dans le pays. Le même cardinal a également pris la parole pour affirmer que l’on ne pouvait, en conscience, voter pour un homme dont la candidature est entachée d’illégalité, se mettant à dos la droite soutenant Juan Orlando. 

A l’approche des élections présidentielles de dimanche, on perçoit beaucoup de tension et de peur chez nos voisins. Dans un pays ou la sécurité sociale est presque inexistante, ou les services les plus basiques comme l’eau, les égouts, le transport ou la santé sont extrêmement précaires, beaucoup refuse de participer au déchainement des passions et nous édifient par leur saine résignation : « je veux seulement pouvoir travailler, pour apporter la pain à notre table, je ne demande rien de plus. » 

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