Home > Musique, Danse > Pulchra

Le Point-Cœur d’Athènes vient de faire une expérience de communion inattendue auprès de leurs amis orthodoxes. C’est la « Beauté » qui en fut et le prétexte et le moyen. Car il faut un cœur simple pour la donner autant que pour la recevoir. Un cœur qui reconnait à quoi – ou à qui – participent ceux qui la servent. 

Très vite, Roki et moi avons compris que nous voulions chanter ensemble. A tâtons, nous avons commencé à chercher de jolies choses. Mais elles ne nous habitaient pas. Et puis un Stabat mater corse de mon enfance nous a fait comprendre que c’était là qu’on se retrouverait. Pas à pas nous avons créé un programme autour de la vierge Marie. Des chants ukrainiens, serbes, corses, grecs, il y a dans chacune de ces œuvres un cœur commun qui nous habite et nous pousse à chercher toujours plus la vraie beauté. Cette recherche nous a porté plus loin que ce que nous pouvions attendre.

Nous vivons actuellement en Grèce où le climat entre orthodoxes et catholiques n’est pas des plus simples. Mais près de chez nous, il y a une petite église orthodoxe où l’on aime se faire petit de temps en temps pour aller prier. Les prêtres y sont toujours très chaleureux et l’on y ressent un climat de ces paroisses de village où les familles aiment se retrouver. C’est timidement que nous sommes allées y proposer notre concert. Sans même chercher à écouter nos voix et en nous accordant déjà toute sa confiance, le prêtre nous a donné son accord, nous remerciant pour ce « cadeau ».

Quelques semaines après nous sommes revenues, sans trop savoir à quoi nous attendre. On savait que l’on chanterait après une prière, on ne savait pas bien où, combien de temps, dans une église vide ou pleine…

Et puis il commence à faire sombre, l’église se remplit petit à petit, de familles, d’enfants qui courent et d’autres, plus timides, qui s’asseyent par terre bouche entrouverte. La prière se termine et le prêtre de la paroisse demande à fermer les portes. Le bruit des motos et des passants laisse alors place à ce silence que l’on retrouve habituellement autour d’un feu de cheminée. Tous ensemble, ils rassemblent des bancs et des chaises, formant ainsi un cercle autour de nous. Le prêtre nous demande alors d’expliquer ce que nous faisons ici. En quelques mots on sent qu’ils ont compris.

Et puis on commence à chanter. Les yeux grands ouverts des enfants, et les regards attendris des plus âgés, tous nous écoutent comme si on se retrouvait en famille après une longue absence. Ce n’était pas seulement un concert, c’était une prière. Nous étions tous appelés par cette soif de chercher la véritable Beauté (« pulchra »).  En chantant ou en écoutant, nous participions alors tous à une communion qui se passe de mot, quelque chose de l’ordre de l’éternité. Il n’y avait pas la place pour de quelconques différents historiques ou liturgiques. Tout était là pour nous unir. Et de toutes parts, le mot « merci » n’a cessé d’être prononcé.

C’est avec ces mots que le prêtre a conclu cette prière : « La Vierge Marie est la véritable beauté, celle que vous avez chantée. Vous êtes des artistes car les artistes aiment la Beauté ; et vous, vous nous avez donné cette beauté que vous avez en vous, car pour chanter avec autant de beauté, c’est qu’elle vit en vous. Vous êtes des artistes, merci beaucoup ».

Roksoliana D, Adélaïde L.

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4 Commentaires

  1. Aude Guillet

    Magnifique….

    "Sous l'azur profond du ciel des oiseaux de mer s'en vont 

    Ils ne s'arrêtent jamais parce que sur toute les images est écrit "plus loin"

  2. Thibault

    Magnifique, tant le chant, que les visages, que le texte, que l'église! 

    Nous en voulons d'autres, puisqu'il y a tout un répertoire à la Sainte Vierge!

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