Tandis que de nombreuses tragédies ponctuent notre quotidien nous serions tentés, comme bien souvent, de céder à cette languissante desespérance. Arte nous emmène à la découverte de babushka Liubov, une petite femme courbée de 80 ans vivant en pleine Sibérie. Un brin de vie dans un désert de glace et de froid, une étonnante lumière dans le regard d’une femme si simple et si belle.
La vie de Liubov (« amour » en russe), cette grand-mère de 80 ans confinée sur les bords du Lac Baïkal, pourrait bien nous procurer une étincelle d’espoir, incarnant une résistance intérieure face à l’absurde. Au-delà, ou mieux, à travers les ombres de la mort ayant marqué sa vie (celle-ci n’aura pas été tendre avec elle), elle reste le coeur accroché à sa famille, à sa passion pour le Lac Baïkal quelque soit le temps, au patinage artistique, à ses vaches et à ses chiens, à ce que la réalité lui offre devant les yeux. Elle ne cède ni à la désepérance, ni à l’amertume, elle pose son regard sur ce qui fait vivre son coeur, dédié avec enthousiasme aux tâches du quotidien. La beauté de cette femme s’offre à nous comme un remède, comme une indication pour apprendre à vivre alors que le lac sibérien, austère et gelé l’entourant semble empêcher le moindre soupçon de vie. Elle chante, elle rit, elle vit comme elle patine, avec la grâce d’une danseuse, sans s’étendre sur l’effort, le travail, les ressources qu’elle aura dû aller puiser jusqu’au fond de son âme pour ne pas céder à la désespérance.
Ce document de 45 minutes réalisé par Vivien Pieper (Allemagne 2022) est un petit bijou. Dès les premières secondes, tout en contemplant l’immensité gelée du Lac Baïkal, Liubov donne le ton :
« Toute cette beauté me touche, elle me boulverse même, elle me donne de la force. Quand je suis chez moi, mon esprit s’envole ».
Documentaire Arte Par Vivien Pieper (Allemagne, 2022)
