« Lors de la naissance du Fils, du bouleversement extérieur – expulsion de Bethléem, de Nazareth et finalement de Judée, pauvreté, insécurité – quelque chose deviendra visible, tel un signe lointain, du bouleversement provoqué par le fait que l’éternellement Engendré de Dieu nait de Dieu, ici et maintenant, dans la chair du péché, face au chaos des ténèbres. Et les personnes qui l’entourent sont saisies de plus en plus intensément par ce bouleversement : la Mère, en son tressaillement devant l’Ange et plus encore devant le Saint-Esprit, tressaillement qui augmente jusqu’au tressaillement de comparaison avec le Fils crucifié, jusqu’à participer avec Lui aux douleurs de l’enfantement, comme la femme en travail de l’Apocalypse.
© Natalia Satsyk
Aux apôtres, ce tressaillement est d’abord épargné ; mais eux aussi devront ressentir, dans le feu de la Passion, quelque chose de l’effet explosif de la naissance de Dieu ; et afin que la foi de l’Eglise reste en éveil, Paul, plus que les Douze, devra vivre, dans l’éclair de Damas, la naissance de conversion qui dès lors le fera se consumer dans le zèle pour Dieu. Et toujours à nouveau dans l’Eglise, les missions significatives prendront leur origine dans de pareilles heures de naissance, parce qu’elles auront à communiquer des choses qui ne peuvent être formulées que sous le coup d’un tel bouleversement. L’instant même de la naissance, ces envoyés ne le ressentiront pas non plus, car il est enfoui au plus profond du mystère de Dieu ; mais l’instant qui suit la naissance, ils le percevront lorsque, nés de Dieu, ils sentiront dans leurs membres de nouveau-nés la force de cette naissance ».
© Natalia Satsyk
Extrait: Adrienne Von Speyr, Jean-Le Verbe se fait chair, p.128-129
